De nouvelles manifestations ont eu lieu mardi soir en réponse à la mort de Mahsa Amini le 16 septembre dernier. L’Iranienne de 22 ans a été arrêtée trois jours auparavant par la police des mœurs à Téhéran pour non-respect du code vestimentaire strict pour les femmes en République islamique d’Iran.
«Les personnels de police s’opposeront de toute leur force aux conspirations des contre-révolutionnaires et des éléments hostiles et agiront fermement contre ceux qui perturbent l’ordre public et la sécurité partout dans le pays», a affirmé le commandement de la police dans un communiqué, selon l’agence de presse Fars.
Tirs à balles réelles
Des défenseurs des droits humains ont fait état ces derniers jours de tirs de plombs et à balles réelles de la part de la police sur les manifestants.
Selon un dernier bilan donné mardi par l’agence de presse iranienne Fars, «environ 60 personnes ont été tuées» depuis le 16 septembre. La police a fait état de 10 policiers morts, mais il n’était pas clair si ceux-ci figuraient parmi les 60 morts.
L’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a, quant à elle, mentionné lundi d'«au moins 76 morts».
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«Complots étrangers» et «groupes séparatistes»
Les autorités iraniennes dénoncent dans ces manifestations des «groupes séparatistes» et des «complots étrangers», pointant du doigt les États-Unis, leur ennemi juré.
Mercredi, l’Iran a mené des frappes contre des groupes kurdes iraniens armés d’opposition basés au Kurdistan irakien, faisant au moins sept morts et 28 blessés, selon les autorités kurdes irakiennes. Bagdad a convoqué l’ambassadeur d’Iran pour protester.
Les autorités iraniennes nient toute implication dans le décès de la jeune femme originaire de la province iranienne du Kurdistan, mais la famille affirme le contraire et a porté plainte contre les «auteurs de son arrestation» selon son avocat.
Violent coup à la tête
Selon un cousin de Mahsa Amini, rencontré au Kurdistan d’Irak, la jeune femme est décédée après «un violent coup à la tête» donné par la police des mœurs le jour de son arrestation le 13 septembre.
Les policiers l’ont «frappée» avant de l’emmener dans un van dans lequel «les coups se sont poursuivis», d’après le récit de la mère de la jeune femme, rapporté par le cousin. Elle a ensuite été transportée à l’hôpital, où elle est décédée après trois jours dans le coma.
Coupures d’Internet
Selon des médias d’opposition basés à l’étranger, comme tous les soirs depuis le 16 septembre, des manifestations ont eu lieu mardi soir dans plusieurs villes. Mais des militants ont affirmé que les perturbations des connexions Internet rendaient de plus en plus difficile la transmission des images.
Mercredi, le ministre des Télécommunications Issa Zarépour a déclaré que des «restrictions ont été appliquées à certaines plateformes, notamment américaines» qui «ont joué un rôle d’organisateur des émeutes». «La levée des restrictions sur Internet dépend d’une décision des autorités.»
Depuis le 16 septembre, les protestataires ont crié des slogans contre le pouvoir, déchiré des photos du guide suprême Ali Khamenei et de l’imam Khomeiny, fondateur de la République islamique, ou encore lancé des pierres contre les forces de sécurité, incendié des voitures de police et mis le feu à des bâtiments publics, selon des vidéos.
1200 manifestants arrêtés
Les autorités ont fait état de l’arrestation de plus de 1200 manifestants depuis le 16 septembre. Des militants, des avocats et des journalistes ont également été arrêtés, d’après des ONG.
Mardi, Faezeh Hachemi, la fille de l’ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani, a été arrêtée à Téhéran pour «avoir incité des émeutiers à manifester».
Les femmes sont à l’avant-garde des protestations en Iran. Elles sont soutenues par plusieurs manifestations à l’étranger.
Comme l’ont déjà fait plusieurs pays européens, l’Espagne a convoqué mercredi l’ambassadeur d’Iran afin de protester contre la répression des manifestations.
Les protestations en Iran sont les plus importantes depuis celles de novembre 2019, provoquées par la hausse des prix de l’essence, qui avaient été sévèrement réprimées – 230 morts selon un bilan officiel, plus de 300 selon Amnesty International.
(ATS)