Atténué à la dernière minute
La Suisse est furieuse à la suite de l'accord de la COP26

La COP26 s'achève sur un accord, atténué toutefois à la dernière minute. Elle appelle à accélérer les efforts vers «une réduction progressive» plutôt que vers «une sortie» d'une partie du charbon. La Suisse est furieuse et le secrétaire général de l'ONU est déçu.
Publié: 13.11.2021 à 21:51 heures
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Dernière mise à jour: 14.11.2021 à 07:04 heures
Simonetta Sommaruga a dénoncé une manoeuvre de dernière minute inacceptable et un manque de "transparence".
Photo: AFP

Après près de deux semaines, tout s'est joué samedi en quelques minutes pour les quelque 200 Etats présents à Glasgow. Des pays qui recourent au charbon, dont l'Inde et la Chine, ont torpillé le projet de déclaration, pourtant atténué sur cette question tout au long de la semaine.

Les efforts ne devront être menés que pour «réduire» le charbon sans système de captation de CO2, plutôt que vers son «élimination», et pour une sortie de subventions «inefficaces» aux énergies non renouvelables. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, au nom de son groupe de négociation de cinq pays, a dénoncé une manoeuvre de dernière minute inacceptable et un manque de «transparence» de la présidence britannique de la COP.

Selon elle, comme pour de nombreuses ONG, cette atténuation ne suffira pas pour limiter le réchauffement à 1,5°C d'ici 2100. Le Premier ministre britannique Boris Johnson avait affiché son souhait d'un compromis qui maintienne comme possible cet objectif.

Le paquet «fait vraiment avancer les choses pour tout le monde», a affirmé le président de la COP26 Alok Sharma. Il a aussi estimé que le mandat donné à son chef de gouvernement était honoré. Mais, fait rarissime, il a officiellement présenté à la tribune «ses excuses» pour la procédure, admettant à demi-mot les critiques suisses.

«Urgence» maintenue selon Antonio Guterres

La partie sur le charbon aurait dû être approuvée sans restrictions et associer aussi le pétrole et le gaz, a déploré de son côté le WWF. «Un signal a été lancé sur le fait que la période du charbon arrive à son terme. Et c'est important», a dit toutefois de son côté la directrice exécutive de Greenpeace International.

Il faut «sortir du charbon» et «éliminer les subventions aux énergies fossiles», a aussi déploré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Après le résultat de la COP, il appelle à l'«urgence» parce que le monde va toujours vers «le désastre climatique». L'accord de Glasgow va favoriser une vague d'écoblanchiment, selon l'activiste Greta Thunberg.

Dans la déclaration finale, l'objectif de 1,5°C, 2°C maximum, est réaffirmé. Les Etats devront oeuvrer à une réduction de 45% de leurs émissions d'ici 2030 par rapport à 2010 et à une neutralité carbone d'ici 2050. Problème, la Chine et l'Arabie saoudite ne prévoient celle-ci que pour 2060 et l'Inde pour 2070.

Les Etats devront revenir dès l'année prochaine avec des ambitions plus élevées pour s'aligner avec les objectifs de l'Accord de Paris. Mais là aussi, des «circonstances nationales particulières» sont prévues dans le document final. «Le plus important est décalé» d'un an, déplore le WWF Suisse.

Or les annonces récentes des Etats permettraient au mieux d'atteindre 1,8°C, même si l'étude considérée comme la plus sérieuse arrive plutôt à 2,4°C. L'ONU avait elle maintenu lundi son estimation, à 2,7°C.

Décalage avec les activistes

Parmi les succès, la COP26 aura réussi à adopter plusieurs règles pour appliquer l'Accord de Paris. Le calendrier commun a été approuvé et prévoit que tous les pays annoncent des «contributions nationales» tous les cinq ans dès 2030 pour les dix années suivantes et même dès 2025 pour ceux qui le peuvent. Mme Sommaruga avait été chargée, avec son homologue rwandaise de l'environnement, de trouver une solution acceptable pour tous.

Sur une autre de ces règles, la Suisse aura réussi à préserver l'un de ses principaux objectifs à Glasgow, l'impossibilité d'un double comptage des réductions d'émissions de gaz à effet de serre lorsque celles-ci sont menées à l'étranger. «Nous avons pu éviter le pire», affirmait dès vendredi Simonetta Sommaruga.

En revanche, la conférence aura aussi à nouveau montré le fossé avec les attentes immédiates des activistes et des ONG. La réunion «n'arrêtera pas le changement climatique», avait dit cette semaine Boris Johnson.

Aide aux pays pauvres pas suffisante

Autre décalage, celui entre pays riches et en développement sur la question du financement. Les Etats-Unis notamment auront rejeté la demande de plus de 100 Etats pour un mécanisme sur les «dommages» déjà observés en raison du changement climatique. Ce blocage étend le mécontentement de ces pays sur ce qu'ils appellent la «dette climatique».

Alors que les Etats riches qui n'ont pas réussi à honorer leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars de fonds publics et privés par an d'ici 2020 pour les aider. Le document final ne prévoit qu'un appel à doubler d'ici 2025 le financement de l'adaptation au changement climatique pour ceux qui ne l'ont pas fait. Tardif, selon le WWF.

Environ 40'000 personnes auront participé à cette COP26 en pleine pandémie. Selon la présidence britannique de la réunion, les cas positifs seront restés peu élevés.

(ATS)

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