Alternative non-invasive à la chirurgie
Boom de la médecine esthétique sans bistouri en Chine

C'est la pause-déjeuner et une longue file se forme à Shanghai: pas devant le dernier restaurant à la mode, mais une clinique de «médecine esthétique», alternative non-invasive à la chirurgie qui gagne en popularité en Chine.
Publié: 07.01.2022 à 14:45 heures
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Kayla Zhang, 27 ans, lors d'une séance de médecine esthétique, à Shanghai le 11 novembre 2021
Photo: Lan Lianchao

Lasers, injections d'acide hyaluronique, peelings... A l'ère des selfies, ces techniques plus rapides et plus douces, qui ne nécessitent pas de passer sur le billard, séduisent une nouvelle génération de Chinois.

Kayla Zhang, une Shanghaïenne de 27 ans, ne compte pas encore passer sous le bistouri. Elle vient en revanche de s'offrir un traitement laser, des injections et de se faire poser sous la peau du visage des fils tenseurs qui permettent de la «retendre» à la façon d'un lifting.

«Je ne vais pas me changer le nez ou les yeux. Ce serait un changement excessif de mon apparence», déclare à l'AFP la jeune femme. Elle dit chercher avant tout une «meilleure version» d'elle-même plutôt qu'un «visage totalement nouveau».

Déjà populaire en Occident, ces méthodes, moins invasives et moins chères que la chirurgie esthétique, deviennent banales dans les métropoles chinoises, avec la hausse du niveau de vie.

Selon l'Association chinoise de la plastique et de l'esthétique, le secteur devrait représenter cette année 300 milliards de yuans (42 milliards d'euros), soit sept fois plus qu'en 2013. Les techniques non-invasives représentent un segment porteur de cette tendance, tandis que la chirurgie est en perte de vitesse, selon le cabinet américain de conseil aux entreprises Frost&Sullivan.

Menton comblé

Mais les autorités entendent éviter un essor anarchique du secteur. Elles interdissent les pratiques publicitaires qui contribuent à «l'angoisse de l'apparence» et aux complexes physiques.

Les cliniques spécialisées ne peuvent pas présenter de photos «avant et après» une intervention ou promouvoir des «normes de beauté irréalistes». Les pouvoirs publics ont imposé en 2021 des dizaines de millions d'euros d'amendes pour diverses infractions.

Mannequin professionelle, Li Li reçoit déjà des traitements au laser tous les mois pour corriger les imperfections de sa peau. Mais elle dit ressentir une certaine pression sociale pour améliorer continuellement son apparence.

Après des commentaires d'amis sur les traits de son visage, aux proportions selon eux non idéales, elle a fait réaliser un «comblement» de son menton afin de le rendre plus proéminent. «Je me suis empressée d'aller le faire», explique Li Li, 27 ans.

Ces interventions coûtent en moyenne un tiers du prix des opérations de chirurgie esthétique, selon le cabinet d'audit britannique Deloitte.

Le médecin spécialisé Yang Kaiyuan raconte qu'il y a 10 ans, ses clients venaient souvent lui montrer la photo d'une célébrité en lui disant: «Je veux ressembler à ça». «Aujourd'hui, les gens veulent surtout des améliorations légères de leur apparence», explique-t-il.

Aiguilles non conformes

Mais l'augmentation du nombre d'établissements non agréés inquiète les autorités.

En 2019, 15% des 13.000 cliniques de beauté autorisées travaillaient ainsi en dehors de leurs champs d'activités définis, selon un rapport du cabinet shanghaien iResearch. Une aiguille sur trois en circulation n'était pas conforme, d'après la même étude.

Début 2021, une actrice avait fait les gros titres lorsqu'elle avait posté sur les réseaux sociaux des photos de son nez, au bout noirci par une nécrose après une opération qui avait mal tourné.

Mais pour Ken Huang, PDG de la clinique PhiSkin à Shanghai, ce genre d'incident n'entame pas la popularité des traitements esthétiques auprès de jeunes Chinois désireux d'améliorer leur apparence ou d'accroître leurs chances sur le marché de l'emploi.

«Les gens beaux auront davantage d'opportunités que les autres», assure-t-il. «Si vous n'êtes pas beau à l'extérieur, même si vous avez une personnalité intéressante, les gens n'auront peut-être pas l'occasion de la voir».

Encore dans la vingtaine, Kayla Zhang s'offre des traitements esthétiques mensuels et les poursuivra jusqu'à ce que son apparence ne lui laisse «aucun autre choix que de passer sous le bistouri». «A ce moment-là, j'aurai peut-être besoin de méthodes plus radicales pour avoir l'air plus jeune.»

(AFP)

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