À 45 km des combats
Zelensky de retour près du front alors que les bombardements s'intensifient

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s'est rendu mardi près du front, non loin de Bakhmout, le principal champ de bataille de l'Est de l'Ukraine où l'armée ukrainienne résiste depuis des mois à une offensive russe.
Publié: 06.12.2022 à 22:40 heures
Un soldat ukrainien prend un selfie avec le président Volodymyr Zelensky, qui s'est rendu mardi près du front, non loin de Bakhmout.
Photo: Keystone/AP

Ce déplacement intervient également au moment où la Russie accuse son voisin de multiplier les attaques de drones contre des aérodromes sur son territoire, que Washington a toutefois déclaré «ne pas encourager».

Des frappes que Kiev ne revendique pas, mais qui illustrent les difficultés que rencontre l’invasion déclenchée le 24 février par Vladimir Poutine.

«Nous ne permettons pas à l’Ukraine d’organiser des frappes au-delà de ses frontières, nous n’encourageons pas l’Ukraine à lancer des frappes au-delà de ses frontières», a assuré à la presse, à Washington, le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price. «Tout ce que nous faisons, tout ce que le monde fait pour soutenir l’Ukraine, vient en soutien à l’indépendance de l’Ukraine».

Les infrastructures énergétiques de l'Ukraine particulièrement touchées

Les Ukrainiens continuent quant à eux de subir des coupures de courant, au lendemain d’une nouvelle série de bombardements sur les infrastructures énergétiques de leur pays.

Ces attaques provoquent «un nouveau niveau de besoins» humanitaires pour la population, s’est alarmé à New York le chef de l’agence humanitaire de l’ONU.

«Depuis octobre, les attaques prolongées contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine ont créé un nouveau niveau de besoins qui touche tout le pays et aggrave les besoins provoqués par la guerre», a déclaré Martin Griffiths devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Zelensky dans le Donbass...

Pour sa part, le président Volodymyr Zelensky a diffusé trois vidéos de lui dans le Donbass, une région dont Moscou a revendiqué l’annexion en septembre, sans pour autant la contrôler totalement.

«L’est de l’Ukraine est l’axe (du front) le plus difficile», a dit le président ukrainien à des militaires, à l’occasion de la journée des forces armées. «Merci pour votre résilience», a-t-il ajouté, avant de remettre des décorations.

Non loin de là, dans le bastion prorusse de Donetsk, six civils ont été tués dans des frappes ukrainiennes, selon les autorités locales.

...tandis que Poutine évite le front

Volodymyr Zelensky se rend régulièrement près du front, chose que le maître du Kremlin n’a jusqu’ici jamais faite, préférant les visio-conférences de son bureau ou de sa résidence.

Vladimir Poutine n’a effectué que de rares déplacements, comme lundi, en Crimée annexée, où des images l’ont montré en train de conduire un véhicule sur le pont reliant cette péninsule à la Russie, qui avait été partiellement détruit début octobre par une attaque attribuée par Moscou à Kiev.

Priver la population ukrainienne d'électricité et de chauffage

Le président ukrainien n’était ainsi mardi qu’à 45 kilomètres de Bakhmout, que les forces russes tentent de conquérir depuis l’été au prix de destructions considérables, sans y parvenir pour le moment.

Moscou y a déployé non seulement des soldats, mais aussi le groupe paramilitaire Wagner qui a recruté des repris de justice.

La prise de Bakhmout constituerait enfin un succès pour les Russes, qui, depuis l’automne, essuient les revers, forcés à des retraites dans le nord-est et le sud.

Face à la multiplication de ces défaites, le Kremlin a décidé, depuis octobre, de concentrer les attaques sur les installations énergétiques ukrainiennes, privant la population d’électricité, voire d’eau et de chauffage, au moment où l’hiver arrive avec ses températures négatives.

Mardi encore, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a expliqué ces «frappes massives» par la nécessité de «réduire le potentiel militaire de l’Ukraine».

Des bombardements ukrainiens en Russie

Si le Kremlin ne cesse de jurer qu’il viendra à bout de la résistance ukrainienne, les derniers mois se sont avérés très difficiles pour les militaires russes, face à des Ukrainiens motivés et armés par leurs alliés occidentaux.

Moscou a en outre dénoncé ces deux derniers jours des attaques ukrainiennes sur des aérodromes militaires, dont deux, ciblés lundi, qui se situent à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière. Kiev n’a pas admis officiellement une quelconque responsabilité dans ces actions.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, les a pour sa part qualifiées de «facteur dangereux», ajoutant, sans fournir de précisions, que «des mesures nécessaires seront prises».

Le journal russe «Kommersant» écrit que l’Ukraine a utilisé des drones soviétiques TU-141 pour frapper notamment, lundi, la base d’Engels, abritant des bombardiers stratégiques et située à 500 km de la frontière ukrainienne la plus proche.

Le ministère britannique de la Défense a estimé mardi que si Kiev avait pu mener une telle opération, Moscou doit la considérer comme «l’échec stratégique le plus significatif de protection de ses forces depuis l’invasion de l’Ukraine».

De plus, mardi matin, une autre attaque au drone, dans la zone de l’aérodrome de Koursk, près de la frontière ukrainienne cette fois-ci, a mis le feu à un réservoir de carburant.

Enfin, Kiev et Moscou ont procédé à un nouvel échange de prisonniers, a annoncé le ministère russe de la Défense, notant dans un communiqué que «60 militaires russes» avaient dans ce cadre été libérés mardi.

(ATS)

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