20% de gaz en moins cet hiver
Bruxelles programme déjà les coupures

La Commission européenne l'a confirmé mercredi 20 juillet. Vu l'impossibilité de compenser entièrement la baisse des livraisons de gaz russe, les 27 pays de l'UE doivent se préparer à en consommer entre 15 et 20% en moins cet hiver. La Suisse sera au même régime.
Publié: 20.07.2022 à 19:01 heures
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Dernière mise à jour: 21.07.2022 à 11:48 heures
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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l'a annoncé: la seule manière réaliste de se préparer au choc énergétique est de programmer pour cet hiver déjà une consommation de gaz inférieure de 15 à 20%.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

L’avertissement est clair: quelles que soient les alternatives trouvées d’ici à cet hiver, l’Union européenne ne pourra pas entièrement remplacer les importations de gaz en provenance de Russie. Dans tous les cas de figure, y compris si des pays producteurs comme la Norvège, le Qatar ou l’Azerbaïdjan acceptent d’augmenter leurs livraisons, la consommation de gaz devra être réduite de 15 à 20%.

La perspective souvent évoquée de températures nettement en baisse dans les immeubles, de fermeture probable de chaînes industrielles, d’interruption de l’éclairage public ou d’arrêt des chauffages de certains équipements collectifs comme les piscines, est aujourd’hui plus plausible que jamais.

Début dès le 1er août

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’a confirmé devant les journalistes à Bruxelles ce mercredi 20 juillet: «Nous proposons un objectif volontaire de réduction de la demande de gaz de 15% du 1er août 2022 au 31 mars 2023. Les États membres devront choisir s’ils veulent la diminution de la demande et de la consommation de gaz par le secteur public, les entreprises, ainsi que les ménages. D’ici la fin du mois de septembre, tous seront tenus de mettre à jour leurs plans d’urgence nationaux existants en y intégrant les mesures de réduction de la demande qu’ils prévoient pour atteindre cet objectif.» Cet objectif pourrait devenir contraignant si une « alerte » sur la sécurité d’approvisionnement est déclarée par exemple en cas d'arrêt du gazoduc Nord Stream 1 sur lequel «les travaux de maintenance» évoqués par les autorités russes se sont achevés ce jeudi.

L’heure de la police énergétique est doncvenue. En fermant progressivement le robinet du gaz depuis plusieurs semaines, Vladimir Poutine pousse les Européens vers la chambre froide. «D’ici à la fin septembre 2022, les 27 États membres devront actualiser leurs plans d’urgence en exposant les mesures de réduction de la demande qu’ils prévoient, a poursuivi Ursula von der Leyen. Ils devront annoncer ce qu’ils comptent faire en matière de changement de combustible pour l’industrie et le secteur de l’électricité, et la limitation qu’ils envisagent pour la température dans les bâtiments publics.»

La Suisse a aussi pris les devants. Des directives contraignantes concernant les températures dans les bâtiments publics ou les bureaux sont actuellement étudiées par le Conseil fédéral.

La Commission, gardienne de la sobriété énergétique

Outre cet objectif chiffré de moins 15% pour la consommation de gaz (les experts de la Commission reconnaissent que 20% est un chiffre plus crédible), l’autre annonce importante faite par Ursula von der Leyen ce mercredi à Bruxelles concerne le rôle de pilote et de gardien de la sobriété énergétique que la Commission européenne se propose d’assumer. «Les autorités nationales seront responsables du suivi de la mise en œuvre des mesures de réduction de la demande sur leur territoire et feront rapport à la Commission de la réduction obtenue tous les deux mois, au plus tard le 15 du mois suivant», a-t-elle précisé.

Chacun devra assumer sa part, même si certains pays (Bulgarie, Slovaquie, Hongrie) continueront eux à recevoir du pétrole russe par oléoduc après l’entrée en vigueur de l’embargo européen. «En cas de demande d’approvisionnement solidaire, la Commission exigera que les États membres démontrent que toutes les mesures appropriées de réduction de la demande de gaz ont été mises en œuvre au niveau national», peut-on lire dans le document publié par l’Exécutif communautaire. Si elles sont adoptées par les 27, ces mesures seront valables jusqu’en août 2024.

Les grands bâtiments les plus concernés

Comment procéder? La Commission propose que son plan de réduction de la demande de gaz «cible d’abord les secteurs offrant de meilleures possibilités de substitution et soit réparti sur l’ensemble de l’économie». Les grands bâtiments seront les plus concernés, et «le chauffage des terrasses extérieures devra être évité», selon Bruxelles.

Pas question, pour l’heure, de recommander des baisses de chauffage chez les particuliers: «Les ménages privés entrent dans la définition des clients protégés au titre du règlement européen actuel sur la sécurité d’approvisionnement. Ils doivent être les derniers à être touchés par les pénuries et, en l’absence d’autres événements imprévus, ils ne devraient pas être directement affectés par des perturbations à grande échelle en provenance de Russie.»

Ainsi, il fera froid partout, sauf chez soi. A moins que Vladimir Poutine, en fermant complètement le robinet du gaz russe, décide de frigorifier ces Européens qui persistent à soutenir l’Ukraine.

Retrouvez ici le plan de la Commission européenne «Save gas for a safe winter» (en anglais)

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