«Nos forces se préparent à la poursuite de leurs missions (...) dans la zone de Rafah», a déclaré dans un communiqué le ministre de la Défense, Yoav Gallant. Quelques heures plus tôt, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu réaffirmait sa détermination à éradiquer le Hamas «dans toute la bande de Gaza, y compris à Rafah».
Cette annonce intervient quelques heures après celle du retrait des troupes israéliennes de la ville de Khan Younès, également située dans le sud de la bande de Gaza, qui a été l'épicentre de la bataille entre soldats et combattants du mouvement islamiste Hamas.
Au total, près d'1,5 million de Palestiniens, en majorité des déplacés, s'entassent à Rafah, ville frontalière avec l'Égypte, présentée par M. Netanyahu comme le dernier grand bastion du Hamas. Alliés historiques d'Israël, les Etats-Unis ont à plusieurs reprises fait part de leur désapprobation d'une telle opération, jugée trop coûteuse en vies humaines.
«La guerre sera longue»
Face au désastre humanitaire en cours dans la bande de Gaza assiégée, les Etats-Unis ont, maintes fois, haussé le ton ces dernières semaines. Au point d'évoquer jeudi, pour la première fois, la possibilité de conditionner l'aide américaine à Israël à des mesures «tangibles» sur le volet humanitaire.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre, lorsque des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1170 personnes. Sur les plus de 250 personnes enlevées ce jour-là, 129 sont toujours détenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.
En représailles, Israël a lancé des bombardements intenses sur le territoire palestinien avant une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d'avancer du nord vers le sud de la petite bande de terre. Côté palestinien, la guerre a coûté la vie à 33'175 personnes à Gaza, dont 38 ces dernières 24 heures, selon le Hamas.
La guerre n'est pas terminée, a averti le chef d'État major de l'armée Herzi Halevi dans un communiqué, précisant qu'elle serait «longue» et «d'une intensité variable».
Retour vers un champ de ruines
Sur le terrain, des dizaines de Palestiniens réfugiés à Rafah ont pris dimanche le chemin du retour à Khan Younès, aussitôt après le retrait israélien précédé par des frappes sur les deux villes. A pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, des photos de l'AFP montrent des hommes et des femmes esseulés, marcher dans une ville devenue un champ de ruines.
Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien où 2,4 millions de Palestiniens sont menacés de famine, selon l'ONU. Strictement contrôlées par Israël, les aides acheminées par voie terrestre via l'Égypte arrivent au compte-gouttes.
Dimanche, plusieurs agences des Nations unies et des organisations humanitaires ont qualifié de «plus que catastrophique» la situation à Gaza. «Les maisons, écoles, hôpitaux sont en ruines. Les enseignants, médecins, humanitaires sont tués. La famine est imminente», a fustigé sur X la cheffe de l'Unicef, Catherine Russel.
«Tenez bon»
Les annonces de l'armée israélienne interviennent au moment même où une énième série de négociations indirectes entre le Hamas et Israël via les médiateurs internationaux - Etats-Unis, Qatar, Egypte - doit se tenir au Caire, après des appels pressants du président américain Joe Biden à les reprendre et à trouver un accord pour un trêve associée à la libération des otages.
Objectif: conclure un accord de trêve assorti de la libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens et d'une augmentation importante de l'aide humanitaire à Gaza.
Samedi, le Hamas a assuré qu'il ne renoncerait pas à ses exigences pour un accord: «un cessez-le-feu complet», un retrait israélien de Gaza, un retour des déplacés et un accord «sérieux» d'échange d'otages et de prisonniers palestiniens. M. Netanyahu a rétorqué dimanche qu'il n'y aurait pas de cessez-le-feu sans la libération de tous les otages.
Dimanche, ils étaient des milliers, massés devant la Knesset (le Parlement israélien) à Jérusalem pour soutenir les familles des captifs retenus à Gaza. «A vous, qui êtes encore là-bas, tenez bon», a dit sur scène Agam Goldstein, 17 ans, otage libérée lors de la seule trêve survenue fin novembre et qui a duré une semaine.
(ATS)