À en croire le foisonnement d'études scientifiques publiées à leur sujet, les réseaux sociaux ne sont pas nos alliés. C'est même tout l'inverse: ils nous nuisent de manière insidieuse, à coups de likes et de scrolls d'apparence innocente.
Les accusations sont innombrables: d'après une recherche diffusés en 2023 dans la revue «Health, Psychology and behavior medicine», l'utilisation de TikTok, Instagram et leurs petits collègues renforce le sentiment de solitude, même chez les individus vivant sous le même toit que des êtres chers. D'autres travaux réalisés en 2021 et publiés dans le «Iranian Journal of Psychiatry» soulignaient également que ces plateformes perturbent le sommeil des adolescents, réduisant ainsi leur bien-être général.
On le sait pertinemment, tout ça. Bien sûr qu'on le sait, alors que de nombreuses alertes ont été sonnées et que les chercheurs s'arrachent les cheveux pour nous dévisser de nos écrans. Et pourtant, on continue de scroller, si bien que 62,3% de la population est active sur les réseaux sociaux en 2024, d'après un rapport de la plateforme Satista. En juillet 2023, cette proportion était estimée à 60%, ce qui équivaut à environ 4,88 milliards d'individus.
Or, peut-être que la dernière trouvaille en date, dévoilée fin janvier 2024, accomplira l'exploit de nous arracher à notre smartphone: l'université de Buffalo vient en effet de découvrir qu'une utilisation importante des réseaux sociaux augmente le taux d'inflammation dans le corps. Et bien que l'idée puisse paraître un brin abstraite, c'est une très mauvaise nouvelle.
Les risques de l'inflammation chronique
Ainsi que l'explique le document, on parle surtout d'inflammation chronique: il ne s'agit donc pas des rougeurs ou gonflements pouvant survenir autour d'une plaie, ni des symptômes «aigus» caractéristiques d'un rhume, par exemple: ceux-ci constituent simplement la réaction du corps à une blessure ou une infection.
La recherche, réalisée par David Lee, professeur assistant du Département de communication de l'Université de Buffalo, évoque davantage l'inflammation chronique: souvent asymptomatique, elle est communément associée au stress, à la sédentarité, au manque de sommeil et à la solitude: «Les effets à long terme de ce type d'inflammation sont intrinsèquement liés aux maladies cardiovasculaires, au cancer, au diabète et à la santé mentale», peut-on lire dans la recherche.
Les effets perdurent jusqu'à 5 semaines plus tard
Grâce à des applications permettant d'enregistrer avec précision le temps passé sur les plateformes, David Lee a pu mesurer le taux d'inflammation des participants sur plusieurs semaines: «Les résultats ont démontré que le temps d'utilisation, mesuré de manière objective, était non seulement associé à une augmentation du taux d'inflammation à l'instant T, mais également jusqu'à cinq semaines plus tard.»
L'expert admet toutefois que des recherches plus poussées sont nécessaires, avant de pouvoir détailler plus clairement le lien entre réseaux sociaux et inflammation: «Comme ces outils sont omniprésents dans notre quotidien, il convient d'étudier leurs impacts potentiels sur la santé en profondeur, à l'aide de plusieurs méthodologies différentes, écrit-il dans le document. La prochaine étape sera de dépasser la mesure du temps d'écran pour comprendre pourquoi les réseaux sociaux nous impactent de cette façon.» Notons qu'à l'origine, les travaux de David Lee, étendus sur cinq ans, visaient l'analyse du lien entre écrans et dépression.
Comment réduire notre temps d'écran?
Sans surprise, les conseils destinés à nous détacher de nos téléphones sont aussi nombreux que les études glaçantes: interrogée par le «New York Times», la Dre Anna Lembke, experte des addictions et professeure de psychiatrie à l'Université de Stanford, conseille des «jeûnes digitaux» réguliers et ponctuels, allant d'une journée à un mois sans utiliser le moindre écran.
Tenter une journée sans écran
D'après l'experte, une journée sans smartphone peut suffire à se sentir moins anxieux, tout en améliorant le sommeil, le taux d'énergie et la productivité: «Après un temps sans écran, la plupart de mes patients affirment généralement [...] pouvoir percevoir plus clairement de quelle façon leur smartphone impactait leur vie.» En outre, la spécialiste conseille de ne pas inviter l'appareil dans chaque étape de notre journée, en le congédiant dans une autre pièce pendant la nuit ou durant la soirée, par exemple.
Installer une app anti-scrolling
Si une journée sans scroller vous semble invivable, il est également possible d'installer des applications telles que Forest, Screentime ou encore Offtime, dont la mission est de vous notifier lorsque vous dépassez un certain temps d'utilisation, ou encore de bloquer votre accès à plusieurs plateformes durant des périodes déterminées.
Rendre votre écran moins séduisant
Toujours dans le «New York Times» le Dr. Adam Alter, professeur de marketing et de psychologie à l'université de New York, conseille également de rendre votre écran moins attrayant, en choisissant le mode noir et blanc ou en changeant l'emplacement de vos apps préférées, qui seront alors plus difficiles à trouver.
Couper vos notifications
L'idée contradictoire d'utiliser une application dans le but d'apprendre à moins utiliser votre téléphone peut toutefois paraître contre-productive. Il est toujours possible de couper vos notifications ou de limiter, via les réglages du smartphone, votre utilisation des réseaux sociaux.
Vous poser les bonnes questions
Lorsque votre main se dirigera machinalement vers ce petit appareil si attrayant, le Dr. Alter recommande se prendre une seconde pour se poser cette question essentielle: «Qu'est-ce que je pourrais être en train de faire, là tout de suite, plutôt que de scroller?» Ou encore «Pourquoi ai-je envie de regarder mon écran?» Un simple instant peur suffire à désamorcer cette habitude, aussi ancrée soit-elle. Et votre corps vous remerciera!