Trop d'habits?
Voici 3 stratégies pour arrêter de surconsommer des vêtements

Parce qu’être bien habillé, c’est bien, mais sauver la planète, c’est mieux, voici un tour du monde des défis lancés pour alléger sa garde-robe.
Publié: 26.01.2024 à 15:13 heures
Photo: Shutterstock
image00003.jpeg
Margaux BaralonJournaliste Blick

Les chiffres sont aussi vertigineux que le prix d’un sac Hermès: avec 1,7 million de tonnes de CO2 émises chaque année, l’industrie textile pèse pour 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. À titre de comparaison, c’est plus que le transport maritime, plus que le transport aérien… et même plus que les deux réunis. La faute notamment à la fast-fashion, cette production effrénée de vêtements peu coûteux et de piètre qualité, qui se portent aussi vite qu’ils se jettent et sont impossibles à recycler.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Pour enrayer ce phénomène, il n’y a pas 36 solutions. Et il vaut mieux miser sur la responsabilité des acheteurs que celle des marques. Partout dans le monde, des stratégies sont élaborées pour tenter de réduire la consommation de vêtements. Et parfois présentées comme des défis pour donner un aspect plus ludique à ce qui reste une petite révolution dans les habitudes de chacun. En voici trois qui pourraient bien vous aider à alléger vos placards, votre porte-monnaie et la facture pour la planète par la même occasion.

1

Le défi «Rien de neuf»

Difficile de savoir d’où vient le challenge «Rien de neuf» mais les premiers témoignages remontent à la fin des années 2010. Le principe est à la fois redoutablement simple et très ambitieux: il s’agit de ne rien acheter de neuf pendant une période donnée, de trois mois à un an. Comme l’explique l’association Zero Waste Switzerland, il faut alors ruser pour continuer de s’habiller. 

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

D’abord, c’est l’occasion de redécouvrir ce qu’on possède réellement dans ses placards. Ce pull que vous n’avez porté qu’une fois avant de le ranger tout au fond de votre penderie, ou cette robe qui a coûté redoutablement cher sans jamais être rentabilisée. Ensuite, il reste possible d’acheter de la seconde main. À vous les virées dans les friperies dont vous n’avez jamais osé pousser la porte, on y trouve des trésors! En 2024, elles sont nombreuses à exister également en ligne.

Ally Head, journaliste pour la version britannique de «Marie-Claire», a écrit un billet sur son retour d’expérience après une année sans rien acheter de neuf. Elle explique notamment avoir emprunté des vêtements à des amies et shoppé de la seconde main mais surtout s’être débarrassée de la pression d’acheter une nouvelle tenue pour les événements mondains. Et si une journaliste mode invitée à 4 cocktails par semaine peut le faire, vous aussi.

Les plus téméraires pourront d’ailleurs embrasser ce challenge sur tous les plans. Au-delà des vêtements, le «Rien de neuf» s’applique à tout: meubles, ustensiles de cuisine, cadeaux, décoration… pour devenir un pro de la «slow consommation».

2

La règle des 5

Ce défi-là est né des observations d’un think tank allemand, le Hot or Cool Institute. Dans un rapport publié en 2022, celui-ci estimait que pour limiter la hausse des températures à 1,5° (seuil au-delà duquel, selon les scientifiques, les écosystèmes et la survie des espèces sont menacés), il fallait que les personnes habitant dans les vingt pays aux économies les plus développées limitent leurs achats vestimentaires à 5 items neufs par an. Ni une ni deux, la journaliste mode britannique Tiffanie Darke a lancé la campagne «Règle des 5» pour relever le défi. Seules exceptions: les chaussettes et les sous-vêtements, qui ne comptent pas dans les 5.

Là aussi, c’est l’occasion de réutiliser, réparer et upcycler ses affaires. Mais il existe aussi des alternatives comme, par exemple, louer des vêtements. Avouez-le, vous ne remettrez jamais la combinaison lamée qui serait parfaite pour votre soirée déguisée sur le thème disco. Autant ne pas en faire un achat définitif. Idem pour les habits des enfants qui, comme chacun sait, n’entreront plus dans leur manteau au bout de trois mois.

Le journal britannique «The Guardian» a interrogé plusieurs femmes ayant relevé le défi, qui ont donné quelques conseils pour y arriver. Parmi ceux-ci: faire un inventaire précis de tout ce qui se trouve dans votre garde-robe, se désinscrire des mailing lists des marques de vêtements pour ne pas être assaillis par la tentation ou toujours prendre un mois de réflexion avant un achat.

3

Le projet 333

Vous connaissez peut-être l’adage «less is more», souvent utilisé en mode pour encourager à la simplicité. En 2010, l’Américaine Courtney Carver a décidé de l’appliquer à la lettre dans son dressing. Sur son blog (car oui, c’était tendance en 2010), elle lance le «projet 333», défi fashion et minimaliste. Le principe: n’utiliser que 33 items de sa garde-robe pendant trois mois, soit le temps d’une saison. Ce chiffre englobe tout, des chaussures aux bijoux, en passant par les accessoires, à l’exception encore une fois des sous-vêtements, de vos éventuels pyjamas et des tenues de sport. Il faut donc choisir ces 33 items et placer tout le reste hors de votre portée.

Pour traverser le défi sans souffrir et atteindre son objectif final (réaliser que vous n’avez pas vraiment besoin de plus), Courtney Carver recommande de bien réaliser l’inventaire de ses placards, de se concentrer sur les vêtements qu’on aime le plus porter et d’inviter un ami pour aider à faire le tri. Avoir avec vous quelqu’un qui a (normalement) moins d’attaches émotionnelles avec vos vêtements est toujours utile.

Avec le temps et les saisons, Courtney Carver explique qu’on finit par se concentrer sur certains vêtements et en abandonner d’autres, qui peuvent alors être donnés afin de libérer un peu son dressing. Et que la tentation (ou le réflexe) d’acheter toujours plus s’atténue grandement.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la