Gjon's Tears s'installe à Paris
«Les montagnes, ma famille et mes amis vont me manquer»

A peine revenu de l'Eurovision où il a brillé, le Fribourgeois a reçu Blick chez lui, à Broc. Quelques jours de répit avant d'enchaîner Albanie, Espagne puis Paris, où il va commencer une nouvelle vie.
Publié: 30.05.2021 à 16:10 heures
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Dernière mise à jour: 01.06.2021 à 08:25 heures
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Après tant d'émotions à Rotterdam, Gjon's Tears est de retour en Gruyère.
Photo: Stefan Bohrer
Michel Imhof

De chez Gjon, on y voit le Moléson! C'est ici, à l'ombre de la plus célèbre montagne fribourgeoise, que vit la nouvelle star de la chanson suisse avec ses parents. Seules les poules et les quelques voitures qui filent vers l'usine Cailler, à quelques mètres de là, troublent la quiétude du village de Broc.

La paisible et verte Gruyère contraste fortement avec l'électrisante scène de Rotterdam, où a brillé «Gjon's Tears». Avec son morceau «Tout l'Univers», le Fribourgeois a obtenu aux Pays-Bas une formidable troisième place, meilleur résultat de la Suisse depuis 1993, et remporté le prix Marcel Bezençon (récompense par un jury de musiciens) ainsi que le vote du public.

Grâce à sa prestation devant 180 millions de téléspectateurs, Gjon Muharremaj - son nom au civil - a conquis l'Europe, propulsant son titre vers le sommet des sites de streaming. «J'ai besoin de temps pour digérer tout cela. J'aurai surtout besoin de changer de numéro de téléphone», rigole-t-il en recevant Blick.

Maintenant, il déménage à Paris

Il faut dire que le jeune homme de 22 ans n'a pas eu une minute de répit depuis le concours. Il s'occupe lui-même des demandes de concerts, d'interviews ainsi que les messages de ses fans. «Cette agitation devrait durer encore quelques semaines», prévoit Gjon, lessivé mais heureux.

Malgré le gros défi organisationnel que tout cela représente, le Fribourgeois est loin de se plaindre. Au contraire, il veut capitaliser sur cette popularité. Prochaine étape: un déménagement à Paris, où son label Jo & Co est installé. «Les montagnes, ma famille et mes amis vont me manquer. Mais c'est l'heure d'ouvrir un nouveau chapitre», note-t-il.

Père albanais, mère kosovare

Actuellement, Gjon vit toujours chez ses parents. «Ils sont aux anges, mais aussi un peu inquiets de savoir si je vais vraiment y arriver. En tant qu'artiste, les choses peuvent toujours être compliquées financièrement.»

Son papa Hysni, 58 ans, et sa mère Elda, 46 ans, savent pourtant composer avec un budget restreint. Lui a immigré en Suisse depuis l'Albanie il y a une quarantaine d'années, tandis qu'elle a fui le Kosovo en 1992. «Mon père n'avait que 500 francs pour construire sa nouvelle vie en Suisse. Maintenant, il est propriétaire d'une maison», admire le jeune Brocois.

«J'ai appelé mon grand-père»

Hysni et Elda étaient aux premières loges, à Rotterdam, pour voir la magnifique prestation de leur fils. Mais le plus grand fan de Gjon n'était pas aux Pays-Bas. Hamit (77 ans), le grand-père, a regardé le concours à la télévision depuis le Canada, où il réside. «Il aurait pris un avion pour l'Europe, mais ce n'était pas possible en raison des règles liées au coronavirus», regrette Gjon.

Ce n'est que quelques secondes après avoir quitté la scène que le Fribourgeois a appelé son aïeul. «J'ai vu ses larmes couler sur ses joues. La joie la plus pure!» Comme un symbole: c'est en raison de l'émotion que suscitent ses performances chez son grand-père Hamit que l'artiste a pris pour nom de scène «Gjon's Tears». «Mon super-pouvoir a aussi fonctionné à Rotterdam», rigole le Fribourgeois.

Alors qu'il n'a pas encore sorti son premier album, Gjon Muharremaj croule sous les demandes des médias. Vendredi, il s'est envolé vers l'Albanie pour répondre aux nombreuses sollicitations. Un voyage qui lui tenait à coeur. «Les compatriotes albanais m'ont soutenu depuis le début». Une affection qui s'est traduite dans les votes: Gjon a obtenu 12 points tant du jury que du public du pays d'origine de son père, où «Tout l'Univers» truste la première place du Hit Parade sans interruption depuis le concours.

Pas encore d'appartement à Paris

Lors de l'annonce du carton plein venu de Tirana, Gjon a fait un aigle avec ses doigts pour remercier le peuple albanais. Les nombreux commentaires sur cette scène, notamment sur les réseaux sociaux, ont agacé le Fribourgeois. «Cela n'a rien à voir avec la Serbie! Je n'ai aucun problème avec ce pays», assure-t-il, en référence au débat très émotionnel qui était survenu après le match Suisse-Serbie lors de la dernière Coupe du monde.

Pas le temps pour les polémiques, Gjon a du pain sur la planche. Revenu dimanche d'Albanie, le Fribourgeois doit se rendre en Espagne pour une apparition télévisée, avant de filer à Paris. Il n'a pas encore d'appartement dans sa nouvelle ville, seulement un AirBnb d'où le Moléson et l'usine Cailler ont été troqués contre la Tour Eiffel et le Centre Pompidou. Pour le plus grand plaisir de Gjon: «Je me réjouis de ce nouveau chapitre!»

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