Mollo après les fêtes
Le sport peut-il devenir une addiction?

Selon Flora Colledge, triathlète professionnelle et chercheuse, les personnes qui s'entraînent de manière excessive se trouvent sur une ligne fine entre l'ambition et la dépendance. Elle fait le point pour Blick sur les éléments à surveiller en cinq questions.
Publié: 01.01.2024 à 17:45 heures
Selon l'experte, s'entraîner avec acharnement n'est pas la seule caractéristique de la dépendance au sport.
Photo: Shutterstock
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Jana Giger

Il semble paradoxal de qualifier les activités sportives de pathologiques. Pourtant, même un comportement sain peut, à partir d'un certain point, devenir nocif. 

La triathlète professionnelle Flora Colledge mène une étude à l'Université de Lucerne pour observer en quoi certaines personnes sont plus enclines que d'autres à développer une addiction au sport. Elle veut aussi découvrir à partir de quel moment il n'est plus aussi sain de se dépenser physiquement. Pour Blick, elle répond à cinq questions sur le sujet. 

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À partir de quand le sport devient-il une addiction?

Le facteur déterminant n'est pas le nombre d'entraînements par semaine, mais le rapport au sport, explique Flora Colledge. «Les personnes souffrant d'une addiction au sport s'entraînent de manière excessive, même lorsqu'elles n'ont pas le temps de le faire, qu'elles sont malades ou blessées.» L'entraînement n'est plus un plaisir, mais une contrainte qui domine le quotidien. Cela induit que les personnes dépendantes du sport négligent souvent leurs amis, leur famille et leur travail. «Contrairement aux sportifs professionnels, ils ne se régénèrent pas et n'adaptent pas la durée et l'intensité de leur entraînement à leur forme du jour», précise l'experte. La plupart du temps, les accros du sport ne travaillent pas en vue d'un objectif sportif, mais simplement sans réfléchir. 

Selon Colledge, s'entraîner malgré des douleurs ou des blessures est un signe d'addiction au sport.
Photo: Getty Images
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Qu'est-ce qui motive les accros du sport?

«Nous supposons que certaines personnes réagissent particulièrement fortement au sentiment de bonheur pendant ou après l'entraînement et en deviennent dépendantes», développe Flora Colledge. Mais ce qui se passe exactement dans le cerveau n'est pas encore définitivement élucidé. Selon l'experte, les chercheurs partent du principe que la sécrétion de dopamine joue un rôle important. En règle générale, les sentiments de bonheur s'atténueraient avec le temps, car le corps développerait une tolérance à leur égard. «Les accros du sport continuent toutefois à s'entraîner, sans quoi ils se sentent coupables ou mauvais.»

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Est-ce comparable à d'autres addictions?

C'est un grand oui. «Nous avons pu montrer que l'addiction au sport présente des similitudes avec les addictions comportementales telles que l'addiction aux jeux et aux jeux en ligne.» Selon la spécialiste, il y a des similitudes sur les points suivants:

  • Les personnes concernées ont toujours besoin de plus pour se sentir bien.
  • La vie privée souffre de l'addiction.
  • Des symptômes de manque apparaissent, comme l'irritabilité, l'anxiété ou la dépression, si l'on saute l'entraînement.
  • Les personnes concernées sont conscientes que leur comportement n'est plus sain, mais elles ne parviennent pas à l'arrêter.
Flora Colledge a célébré sa victoire au Norseman Xtreme Triathlon en Norvège à l'été 2023.
Photo: Paulina Monasterska
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Quels sont les différents types d'addiction au sport?

Les chercheurs font la distinction entre l'addiction primaire et l'addiction secondaire. Dans le cas de l'addiction primaire au sport, c'est l'activité sportive qui est au premier plan. Flora Colledge explique: «Souvent, les personnes concernées veulent compenser quelque chose par l'entraînement ou s'auto-thérapeutiser pour se débarrasser de sentiments ou de pensées négatifs.» Un événement marquant peut aussi conduire à une addiction primaire au sport. L'addiction secondaire se manifeste quant à elle en combinaison avec un trouble alimentaire. L'objectif est de perdre le plus de poids possible en faisant de l'exercice. «Pour les personnes concernées, le sport est donc un moyen d'arriver à ses fins.»

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La dépendance au sport peut-elle être traitée?

«Jusqu'à présent, il n'existe pas de méthode de traitement fondée sur des preuves, car l'addiction au sport n'est pas encore officiellement reconnue comme un trouble psychique», précise Flora Colledge. Cela s'explique par le fait que la définition de l'addiction au sport est complexe et que la recherche doit encore en apprendre davantage sur le sujet. Selon la chercheuse, l'addiction secondaire au sport est parfois traitée dans des cliniques spécialisées dans les troubles alimentaires. Pour l'addiction primaire au sport, la thérapie cognitivo-comportementale s'impose actuellement. «L'objectif d'une thérapie est de retrouver un équilibre sain entre l'entraînement et la vie quotidienne.» D'où l'importance de se dépenser avec justesse après les fêtes de fin d'année.

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