Un tiers des aliments produits ou importés en Suisse ne finissent pas dans l'assiette, mais à la poubelle. Selon l'ONU, 821 millions de personnes dans le monde souffrent de la faim, c'est-à-dire qu'une personne sur neuf n'a pas assez à manger.
Jeter de la nourriture toujours comestible n'est pas seulement moralement répréhensible. Celle-ci contribue également de manière significative aux émissions de CO2 et donc au changement climatique, comme le montre une étude réalisée par l'EPFZ sur mandat de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
Au total, les aliments jetés provoquent des gaz à effet de serre équivalant à quatre millions de tonnes de CO2. Au total, selon les chiffres de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), la Suisse a produit 56 millions de tonnes de ce gaz à effet de serre, dont quatre millions sont dus aux voyages en avion.
La production est gourmande en énergies fossiles
Autre comparaison: si l'on considère non seulement les émissions de CO2, mais aussi tous les effets négatifs sur l'environnement, le poids des aliments jetés génère environ 50% des dommages causés par l'ensemble des transports motorisés privés en Suisse.
Claudio Beretta est spécialiste de l'environnement auprès de l'OFEV. Auteur d'une étude sur le sujet, il a lui-même été surpris par la part élevée des déchets alimentaires dans les émissions de CO2. «Toutefois, si l'on connaît la quantité d'énergie fossile nécessaire à la production d'aliments, on comprend pourquoi», explique-t-il. Les tracteurs doivent être alimentés, les serres doivent être chauffées. Cela demande beaucoup d'énergie fossile.
Personnellement, Claudio Beretta est maintenant beaucoup plus conscient de l'impact de l'alimentation. Il participe également aux programmes Foodsharing et TooGoodToGo et collecte régulièrement les surplus alimentaires des boulangeries et des restaurants qui seraient autrement jetés.
Une production coûteuse
Claudio Beretta pense que les responsables politiques devraient investir davantage dans l'éducation: «Les connaissances des consommateurs, mais aussi du secteur de la restauration, doivent augmenter.» Tout comme l'appréciation de la nourriture. «Les consommateurs doivent avoir une idée du degré d'élaboration de leur production.»
La Suisse s'est engagée à réduire de moitié la quantité de nourriture «jetée» d'ici 2030. Pour atteindre cet objectif, l'Office fédéral de l'environnement travaille à un plan d'action sur les déchets alimentaires.
À ce stade, l'autorité s'appuie principalement sur une action volontaire. Susanne Blank de l'OFEV indique que «le potentiel d'économies financières que représente la prévention du gaspillage alimentaire est considérable. En évitant le gaspillage alimentaire, on peut économiser 600 francs par an et par personne.»