Environ un Suisse sur trois côtoie, dans son entourage, une personne présentant une consommation problématique d’alcool. Voilà l’estimation communiquée par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui comptabilise un total de 250’000 à 300’000 personnes alcoolodépendantes au niveau national, tandis que 19% de la population helvétique boit en trop grande quantité, à une fréquence trop importante.
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Combler un vide, augmenter la confiance en soi, flouter la réalité...
En ce 23 mai 2024, Journée consacrée aux problèmes liés à l’alcool, des organisations telles qu’Addiction Suisse rappellent la situation délicate et anxiogène des proches et des collègues, aux premières loges pour constater le mal-être qui alourdit et obscurcit le quotidien des personnes concernées. Car dans de nombreux cas, l’alcool intervient pour combler un vide, faciliter l’oubli temporaire d’une douleur émotionnelle, augmenter la confiance en soi ou flouter une réalité qu’on ne se sent plus capable d'affronter seul.
Georges-Alain Claret, cadre d'unité ambulatoire et coordinateur de formation chez Addiction Valais, souligne en effet les conséquences importantes de l’addiction à l’alcool, susceptibles d’impacter et d’inquiéter l’entourage entier: parmi celles-ci, notre intervenant évoque des problèmes de santé physiques et psychiques, des difficultés relationnelles, des problèmes professionnels, une perte d’intérêt pour les activités habituelles ou encore des prises de risque dangereuses.
Soulignons par ailleurs que l’usage problématique d’alcool peut prendre plusieurs formes. Georges-Alain Claret cite notamment les épisodes de consommation excessive, une consommation chronique, une consommation inadaptée à la situation (par exemple durant la conduite automobile ou pendant la grossesse), ainsi que l'addiction. «Le diagnostic d'addiction répond à des critères précis, mais de manière résumée, elle implique une perte d'autonomie par rapport à l'alcool qui se caractérise par l'association de la souffrance de la personne à des changements dans son rapport au monde», précise-t-il.
Si vous avez l'impression de déceler ce type de problème chez une personne proche de vous, voici 5 conseils d’experts pour briser le silence, l'encourager à s'exprimer et la soutenir au mieux.
Pour Sophie Nicole, directrice de la Clinique Belmont, un établissement genevois spécialisé dans le traitement des addictions, l’un des premiers signes d’alerte est justement l’utilisation de l’alcool comme moyen d’automédication, c’est-à-dire une consommation visant à susciter ou à calmer des émotions: «Ce mécanisme de gestion automatique s’observe également chez les personnes qui vivent un début de dépression et tentent de s’autosoigner de cette manière. Si une personne de notre entourage semble incapable de s’amuser en soirée sans prendre un verre, qu’elle boit aussi lorsqu’elle est seule ou qu’elle boit dès qu’elle est triste ou stressée, elle entretient probablement une relation problématique avec l’alcool.»
Parmi les autres signes pouvant alerter les proches, Georges-Alain Claret, cadre d'unité ambulatoire et coordinateur de formation chez Addiction Valais ajoute une consommation importante d'alcool, bien que l'ivresse ne soit pas toujours perceptible, des symptômes de sevrage (comme des tremblements, une transpiration excessive et une nervosité) en cas de manque d'alcool, une consommation qui se poursuit malgré l'apparition de problèmes de santé liés à l’alcool, une détérioration de l’hygiène ou encore des odeurs caractéristiques de l’alcool.
Pour Sophie Nicole, directrice de la Clinique Belmont, un établissement genevois spécialisé dans le traitement des addictions, l’un des premiers signes d’alerte est justement l’utilisation de l’alcool comme moyen d’automédication, c’est-à-dire une consommation visant à susciter ou à calmer des émotions: «Ce mécanisme de gestion automatique s’observe également chez les personnes qui vivent un début de dépression et tentent de s’autosoigner de cette manière. Si une personne de notre entourage semble incapable de s’amuser en soirée sans prendre un verre, qu’elle boit aussi lorsqu’elle est seule ou qu’elle boit dès qu’elle est triste ou stressée, elle entretient probablement une relation problématique avec l’alcool.»
Parmi les autres signes pouvant alerter les proches, Georges-Alain Claret, cadre d'unité ambulatoire et coordinateur de formation chez Addiction Valais ajoute une consommation importante d'alcool, bien que l'ivresse ne soit pas toujours perceptible, des symptômes de sevrage (comme des tremblements, une transpiration excessive et une nervosité) en cas de manque d'alcool, une consommation qui se poursuit malgré l'apparition de problèmes de santé liés à l’alcool, une détérioration de l’hygiène ou encore des odeurs caractéristiques de l’alcool.
Interroger ses émotions
«En tant que proche, on est facilement happé par l’inquiétude, si bien que notre premier réflexe sera de mentionner directement la consommation d'alcool de la personne, constate Sophie Nicole, directrice de la Clinique Belmont, un établissement genevois spécialisé dans le traitement des addictions. Or, en premier lieu, il peut être utile de questionner son état mental, ainsi que de lui partager notre propre ressenti.»
L’experte conseille ainsi d’émettre de simples hypothèses factuelles, en expliquant par exemple: «Il me semble que tu as l’air très fatigué et très sensible, ces derniers temps, tu as l’air de vivre une période compliquée et d’avoir besoin d’un verre à chaque fois qu’on se voit.» De cette manière, l’accent est mis sur l’émotion de la personne, qui est ainsi abordée sans le moindre jugement concernant la consommation d'alcool qui en découle.
Parler de nos propres inquiétudes
La brochure «Vivre avec un homme/une femme alcoolique» éditée par Addiction Suisse et citée par Georges-Alain Claret, recommande effectivement d’oser briser le silence, en parlant de ce qu’on voudrait voir changer dans la situation actuelle, de ce qui nous pèse et de ce qui nous manque. Plutôt que d’adopter une posture de jugement, en s'exclamant par exemple «Combien tu as encore bu?!», il s’agit avant tout de parler de soi-même et de décrire ses propres émotions, afin d'ouvrir le dialogue.
«On peut décrire les angoisses que le comportement de l'autre suscite chez nous, en énonçant des faits, confirme Sophie Nicole. Il ne s’agit pas de culpabiliser la personne en l'accusant de ‘gâcher une soirée’, par exemple, mais simplement de lui confier: ‘J’ai senti que cette période n’était pas très simple pour toi, cela m’inquiète’.»
Ce réflexe peut également s'avérer bénéfique si la personne concernée se braque, refuse catégoriquement de parler et présente un déni total du problème: «La meilleure chose à faire est de raconter ce qu’on vit soi-même, de décrire les peurs que ce silence crée chez nous, poursuit notre intervenante. Puis, de lui proposer la parole: ‘Est-ce que toi aussi, tu as des préoccupations? De quoi aurais-tu besoin pour te sentir mieux?’»
Faire des propositions
Dans un second temps, Sophie Nicole recommande de demander si la personne a déjà réfléchi à sa consommation, exploré quelques pistes d’action possibles, rejoint un groupe de parole ou fait appel à un thérapeute: «On peut lui demander ce qu’elle a envie de faire, pour améliorer la situation, mais, souvent, les individus concernés répondront qu’ils ont déjà essayé de poser des limites et de se contrôler.»
Comment réagir, face à un proche qui assure faire de son mieux pour changer son comportement, mais qui reste ancré dans la même spirale? Notre intervenante déconseille de forcer les choses ou de céder aux menaces: «On peut se contenter de lui demander si ces mesures fonctionnent ou s’il faut faire quelque chose de plus pour aller dans la direction souhaitée. Le fait d’encourager la personne, tout en parlant, tout en partageant sa réalité, s’avère plus efficace, explique Sophie Nicole. Au fond, le but est de l’aider à trouver des solutions, afin que l’alcool n’apparaisse plus comme la seule solution possible à son mal-être.»
Éviter de tomber dans le jugement
Parmi les phrases à bannir absolument, la directrice de la Clinique Belmont cite un classique: «Ce n’est qu’une question de volonté!» risque par exemple de décupler le sentiment de culpabilité. «Les problèmes liés à l’alcool peuvent piéger n’importe qui, lors d’une phase de vie difficile, pointe Sophie Nicole. En essayant de résoudre ses soucis tout seul, on peut facilement se retrouver avec un second problème, qui prend la forme d’une addiction.»
Pour notre experte, il peut même être bénéfique de décrire notre propre relation à l’alcool, afin de montrer qu’on est dans l'empathie, en admettant par exemple: ‘Moi aussi, parfois, j’ai envie de boire un verre pour déstresser’. «Ce type de propos sera beaucoup facile à accueillir pour l’interlocuteur que les accusations ou les menaces, qui risquent de lui donner le sentiment d’être attaqué», précise l'experte.
Car le sujet reste hautement tabou, entouré d’une constellation d’émotions pesantes qu’on évoque rarement: «La perte de contrôle de sa consommation d'alcool entraîne de la honte et de la culpabilité, note Georges-Alain Claret. C'est pénible d'en parler, la famille s'enferme souvent dans une dynamique de silence et d'isolement, nourrie par les proches qui ressentent eux-mêmes de la honte et de la culpabilité.» L’expert constate, dans ce type de cas, que chaque membre de la famille tend à développer des stratégies d'adaptation pour vivre cette situation: «Le problème est présent, immense, central, mais on s'arrange pour ne plus le voir.»
Demander de l’aide
Pour cette raison, il est indispensable de demander de l’aide au plus vite: face à une personne proche qui refuse d'admettre le problème existent, nos experts insistent sur l’importance de recevoir du soutien: «Il faut prendre ses propres limites au sérieux et oser dire non, ajoute Georges-Alain Claret. Vous pouvez par exemple clarifier que vous ne souhaitez pas sortir avec la personne lorsqu’elle est ivre, car cela est désagréable pour vous. Or, ce faisant, le proche s'expose à la réaction, au déni du consommateur. Cela n'est pas facile à vivre et l'aide d'un professionnel peut être utile.» Sans oublier les enfants, fortement impactés par ce type de situation, qui ont également besoin de recevoir du soutien, de l'aide et des explications au plus vite.
Il en va évidemment de même pour la personne concernée par les problèmes liés à l’alcool, dans la mesure où celle-ci pourrait ne pas s’autoriser à demander du soutien: «Il s’agit d’une situation complexe, mais comme dans le cas d’une douleur physique qui requiert l’attention d’un médecin, il convient de rappeler à la personne qu’elle a le droit de demander de l’aide, qu’il existe des professionnels formés pour cela, insiste Sophie Nicole. En effet, il est courant d’en avoir honte, de culpabiliser et de se sentir obligé de trouver la solution par soi-même.» En d'autres termes, les proches comme les personnes alcoolodépendantes ne devraient jamais rester seuls et isolés, face à une situation qui les emprisonne.
Des associations sont là pour vous aider en cas d'addictions. Si vous vous sentez en danger, prenez contact avec des spécialistes.
L'association Addiction Suisse possède une ligne téléphonique gratuite au 0800 105 105.
Vous pouvez également retrouver le répertoire des ressources en Suisse sur le site de Rel'ier.
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