Blick: Madame Loose, les consommateurs préfèrent désormais les mousseux, les vins blancs et les rosés. Pourquoi?
Simone Loose: Les consommateurs se tournent de plus en plus vers des vins plus légers et rafraîchissants.
Pourquoi les vins rouges ont-ils actuellement plus de mal à tirer leur épingle du jeu?
Les critères utilisés pour juger de la qualité d’un vin ont changé. Les rouges très charpentés et chargés en alcool ne semblent plus être aussi prisés. Les notes de dégustation qui mettent en avant des vins riches en alcool, en tanins et en glycérine séduisent de moins en moins les consommateurs. La «parkerisation» à outrance ne fait plus recette.
Quelles raisons y a-t-il à cela?
La prise de conscience des enjeux de santé a progressé au sein de la population. Je pense notamment aux consommateurs plus âgés, qui réduisent leur consommation de vin ou qui préfèrent des vins plus légers parce qu’ils veulent éviter d’accuser le coup après avoir bu un verre. Et les jeunes sont eux aussi moins attirés par les vins rouges lourds. Sans compter le fait qu’ils sont nombreux à opter pour une alimentation végétarienne ou végane. Or, le vin a une importance négligeable au sein de ces communautés.
Les beaux jours de l’industrie vinicole sont-ils derrière elle?
Les beaux jours de l’industrie vinicole sont-ils derrière elle?
Durant les vingt dernières années, le secteur a largement profité de la montée en gamme des produits. À volumes de vente constants, la valeur commerciale des vins n’a cessé d’augmenter. Depuis 2017, la consommation mondiale de vin est en baisse et, dans le même temps, les consommateurs susceptibles de s’offrir des vins extrêmement chers sont devenus plus rares compte tenu de la baisse du pouvoir d’achat. Le secteur vinicole devra s’attacher à l’avenir à regagner la sympathie des jeunes consommateurs.
Chaque année, on célèbre le dry january. La vague des vins sans alcool ou à faible teneur en alcool est-elle amenée à durer?
Cela dépend du marché. L’intérêt pour les vins sans alcool est moins marqué dans le sud de l’Europe qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas, par exemple. Un domaine du sud de l’Italie aura plus de mal à réduire sa teneur en alcool qu’une exploitation suisse ou allemande.
Existe-t-il des solutions autres que les vins sans alcool?
Oui. Les «proxies» sont fabriqués à base de moût de raisin et agrémentés d’extraits d’épices, de thé, de verjus, c’est-à-dire de jus de raisin vert, ou de vinaigre de qualité supérieure. Leur goût et leur structure se rapprochent ainsi davantage du vin que les produits désalcoolisés.
Simone Loose dirige l’Institut de gestion d’entreprise et d’études de marché de l’école supérieure de Geisenheim. Cette nouvelle étude a interrogé plus de 1300 experts du secteur (commerce, restauration et production) dans plus de 30 pays.