Entretien avec l'un des cinq grands nez du vin en Suisse
«Comment devient-on Master of Wine, Jan?»

Depuis 2016, le Bernois Jan Schwarzenbach (47 ans) détient le prestigieux titre de Master of Wine que seuls cinq grands nez du vin ont obtenu en Suisse.
Publié: 03.05.2024 à 00:00 heures
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Dernière mise à jour: 15.05.2024 à 12:00 heures
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Le Master of Wine Jan Schwarzenbach, Chiara Benz et l'académicien du vin Tobias Gysi ont apprécié la dégustation.
Photo: Valeriano Di Domenico
Article rémunéré, présenté par Mondovino

Monsieur Schwarzenbach, qu’est-ce qui vous passionne dans le vin?
Ce qui me fascine le plus, c’est la diversité des saveurs et surtout la qualité du vin. Après tout, ce n’est, en principe, que du jus de raisin fermenté, même si c’est parfois difficile à croire. 

Vous avez étudié le vin.
J’ai d’abord fait un Bachelor of Viticulture, donc des études d’agronomie, puis d’œnologie, en Australie. Ça remonte un peu; j’ai obtenu mon bachelor en œnologie en 2003. Ensuite, en 2009, j’ai intégré l’Institute of Masters of Wine, où j’ai passé, et heureusement réussi, l’examen d’entrée. J’ai terminé mes études en 2016 et je suis devenu MW, comme on dit.

Comment devient-on Master of Wine?
Il faut s’inscrire, être admis, voir comment les choses se passent, passer les examens, rédiger un mémoire. Et idéalement, s’amuser beaucoup. (rires) Non, plus sérieusement: ce titre tant convoité est décerné par l’Institute of Masters of Wine, une organisation à but non lucratif basée à Londres. Pour réussir les examens, il faut constamment apprendre et déguster, avoir un bon nez, beaucoup de persévérance et de ténacité, ainsi qu’un peu de chance. À ce jour, à peine plus de 400 personnes dans le monde entier ont réussi cet examen réputé comme étant le plus difficile dans le monde du vin.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour y parvenir?
Sept ans. J’ai fait une pause d’un an et j’ai également échoué quelques fois à un examen. Le taux d’échec était alors de 95%. En d’autres termes, seuls 5% des candidates et des candidats ont pu devenir des MW. 

Cette formation coûteuse et longue était-elle financée par votre employeur?
J’ai en effet bénéficié d’un soutien très généreux de sa part. Il faut dire que la formation est réservée à des personnes privilégiées.

Combien de vins avez-vous déjà dégustés dans votre vie?
Oh, je ne saurais dire. Mais depuis que j’ai commencé ma formation en vin en 1998, j’ai souvent fait des dégustations de vins et j’ai toujours cherché à m’améliorer. Je déguste probablement près de mille vins par an, ce qui ferait donc 26'000 vins à ce jour. 

Quels sont vos vins préférés?
Je dois vraiment me décider? C’est difficile à dire, et mes préférences varient souvent. En ce moment, j’apprécie beaucoup le champagne et le chardonnay, surtout ceux de Bourgogne et de Californie, ainsi que le Rioja rouge. 

Et qu’en est-il du vin suisse alors?
La tendance à privilégier les produits locaux est forte, et les vins suisses sont devenus vraiment bons. La diversité des styles et des cépages a fortement augmenté. Les Suisses aiment leurs vins, c’est une évidence. 

Est-ce également le cas sur le marché international ou alors uniquement chez nous?
Uniquement chez nous, parce que pratiquement aucun vin n’est exporté. Cela n’a rien à voir avec la qualité, mais avec les quantités. Il y a beaucoup de petits viticulteurs et de petites entreprises en Suisse.

La consommation de vin est en baisse depuis des années. Peut-on encore enrayer cette tendance?
Je ne pense pas. Vouloir vivre le plus longtemps possible et en bonne santé est devenue une tendance générale, ce qui réduit la place de l’alcool. Les jeunes font également beaucoup plus preuve d’ouverture d’esprit quant au choix des boissons. Bière, vin, spiritueux, boissons sans alcool, thés, jus de fruits, cocktails: les possibilités sont nombreuses!

Voyez-vous dans les vins désalcoolisés une opportunité pour l’économie viticole?
Je ne suis pas le seul à le penser, c’est un fait. Cette catégorie est en plein essor. Mais je ne pense pas qu’elle sauvera l’économie viticole. 

Buvez-vous vous-même du vin sans alcool?
Presque jamais.

Question à l’expert: pourquoi les bourgognes sont-ils si chers?
C’est un changement de sujet assez brutal. (rires) Réponse: à cause de l’offre et de la demande. La Bourgogne a une production fortement parcellisée. À partir du niveau de qualité «premier cru» (où les prix deviennent vraiment élevés), ce sont tous des vins issus de terroir unique. Par exemple, le vignoble «Meursault 1er Cru les Charmes» ne s’étend que sur 31,12 hectares. Il doit donc y en avoir pour tout le monde. Pour les grands crus, c’est encore plus flagrant. Le vignoble «Montrachet», par exemple, fait 8 hectares. 

Les vins coûteux sont-ils automatiquement meilleurs?
Non, absolument pas. La demande dépasse simplement l’offre. Il existe également de nombreux vins abordables de qualité. Bien qu’il y ait là aussi une limite. Je n’ai par exemple jamais bu un vin excellent pour cinq francs. Mais «coûteux» et «abordable» sont des notions subjectives.

Vous avez été chargé de sélectionner des vins «Master’s Choice» pour Mondovino. A quoi avez-vous veillé?
Le critère principal était que la sélection comprenne uniquement des vins que l’on trouve dans un tiers ou plus des magasins Coop de chaque région linguistique. Autrement dit, des vins que notre clientèle peut réellement trouver. Ensuite, seuls les vins dont le prix correspondait approximativement au prix moyen payé par notre clientèle sont inclus. Autrement dit, des vins qu’elle peut s’offrir. Enfin, seuls les vins qui ont des doublons étaient retenus. Par exemple, cinq vins blancs suisses entre 9 et 15 francs, tous issus du cépage chasselas.

Pourquoi ces trois conditions?
Voyons à quelle situation d’achat elles conduisent: un amateur de vin moyen ou une amatrice de vin moyenne se trouve dans un magasin Coop et sait quelle couleur de vin il ou elle recherche, de quel pays et à quel prix environ. Cependant, il ou elle se retrouve maintenant avec plusieurs options. Laquelle choisir? C’est là qu’intervient le «Master’s Choice». J’ai dégusté tous ces vins à l’aveugle et si l’un d’entre eux sortait vraiment du lot, je le choisissais. Autrement dit, j’ai évalué les doublons et sélectionné ceux qui se démarquaient avec mon palais d’expert pour la clientèle. C’est donc un conseil d’achat très concret dans une situation des plus classiques. 

Monsieur Schwarzenbach, merci beaucoup pour cet entretien instructif.

Dans le vaste assortiment de vins de Coop, vous trouverez tous les vins de la ligne «Masters Choice» ainsi qu'une immense variété d'autres vins rouges, blancs, rosés et mousseux.

Laissez-vous inspirer !

Lors de la dégustation des trouvailles sélectionnées par Jan Schwarzenbach, j'ai eu l'embarras du choix. J'ai néanmoins opté pour six vins que je ne voudrais pas vous priver de découvrir.

6 gouttes magistrales

Le charnu

Malbec Reserva Mendoza Argentina Alvaro, pour 16,50 francs

Un malbec argentin digne de ce nom. Au nez, il dévoile des arômes fruités intenses de mûre, de compote de prune et de myrtille, agrémentés de nuances de chocolat au lait et de tabac à pipe. En bouche, il offre une structure acide puissante et des tanins finement dessinés. Il laisse une première impression légèrement douce-amère, suivie d’une longue finale aux accents fumés. Servez-le impérativement avec de la viande richement épicée pour en absorber les tanins. Ce vin s’accorde particulièrement bien avec les steaks et les brochettes d’agneau.

Malbec Reserva Mendoza Argentina Alvaro, pour 16,50 francs

Un malbec argentin digne de ce nom. Au nez, il dévoile des arômes fruités intenses de mûre, de compote de prune et de myrtille, agrémentés de nuances de chocolat au lait et de tabac à pipe. En bouche, il offre une structure acide puissante et des tanins finement dessinés. Il laisse une première impression légèrement douce-amère, suivie d’une longue finale aux accents fumés. Servez-le impérativement avec de la viande richement épicée pour en absorber les tanins. Ce vin s’accorde particulièrement bien avec les steaks et les brochettes d’agneau.

Le floral

Graubünden AOC Maienfelder Pinot Noir Steinbock, pour 13,50 francs

Il est indéniable que la Bündner Herrschaft est un terroir de prédilection pour le pinot noir. Mais que Jan puisse nous présenter un vin d’une telle qualité à un prix si abordable, c’est tout simplement remarquable. Ce Maienfeld simple séduit par sa fraîcheur fruitée, aux notes de fraises des bois relevées d’une touche épicée. En bouche, il se montre corsé et harmonieux, caractérisé par une acidité plaisante, des tanins souples et une longue finale. Ce pinot des Grisons se marie à merveille avec les plats de gibier comme le civet de chevreuil ou le ragoût de cerf, mais aussi avec les capuns. C’est un vin jeune, idéal pour une dégustation immédiate.

Graubünden AOC Maienfelder Pinot Noir Steinbock, pour 13,50 francs

Il est indéniable que la Bündner Herrschaft est un terroir de prédilection pour le pinot noir. Mais que Jan puisse nous présenter un vin d’une telle qualité à un prix si abordable, c’est tout simplement remarquable. Ce Maienfeld simple séduit par sa fraîcheur fruitée, aux notes de fraises des bois relevées d’une touche épicée. En bouche, il se montre corsé et harmonieux, caractérisé par une acidité plaisante, des tanins souples et une longue finale. Ce pinot des Grisons se marie à merveille avec les plats de gibier comme le civet de chevreuil ou le ragoût de cerf, mais aussi avec les capuns. C’est un vin jeune, idéal pour une dégustation immédiate.

Le racé

Rasteau AOC Château Saint-André, pour 12,95 francs

Bien entendu, on ne saurait oublier la France dans notre sélection. Cette cuvée, issue de syrah et de grenache, charme dès le premier nez avec ses notes envoûtantes de cerises et de prunes, rehaussées par des touches de thym et d’olives noires. En bouche, il offre une fraîcheur charnue, suivie d’une finale poivrée. Ce vin simple se démarque par son excellente buvabilité. Il s’accorde à la perfection avec des plats exotiques comme un couscous royal marocain, où ses arômes vifs se fondent admirablement avec les épices du plat.

Rasteau AOC Château Saint-André, pour 12,95 francs

Bien entendu, on ne saurait oublier la France dans notre sélection. Cette cuvée, issue de syrah et de grenache, charme dès le premier nez avec ses notes envoûtantes de cerises et de prunes, rehaussées par des touches de thym et d’olives noires. En bouche, il offre une fraîcheur charnue, suivie d’une finale poivrée. Ce vin simple se démarque par son excellente buvabilité. Il s’accorde à la perfection avec des plats exotiques comme un couscous royal marocain, où ses arômes vifs se fondent admirablement avec les épices du plat.

L’élégant

Barolo DOCG Albarello, pour 18,50 francs

Il s’agit pour moi du meilleur conseil de dégustation. Ce superbe Barolo contient une grande quantité de vin pour un prix étonnamment abordable. Au nez, il séduit par ses caractéristiques à la fois fruitées et florales. Il enchante avec ses arômes de fraises des bois et de cerises du Piémont, subtilement mêlés à des notes délicates de violette et de lavande. Ce vin prouve que les jeunes Barolos ne sont pas nécessairement hors de portée. En bouche, il présente une acidité vive et une structure tannique bien marquée, mais jamais astringente. Il se marie parfaitement avec des plats italiens classiques tels que l’ossobuco ou les tagliolini al tartufo, qui mettent merveilleusement en valeur ses arômes complexes.

Barolo DOCG Albarello, pour 18,50 francs

Il s’agit pour moi du meilleur conseil de dégustation. Ce superbe Barolo contient une grande quantité de vin pour un prix étonnamment abordable. Au nez, il séduit par ses caractéristiques à la fois fruitées et florales. Il enchante avec ses arômes de fraises des bois et de cerises du Piémont, subtilement mêlés à des notes délicates de violette et de lavande. Ce vin prouve que les jeunes Barolos ne sont pas nécessairement hors de portée. En bouche, il présente une acidité vive et une structure tannique bien marquée, mais jamais astringente. Il se marie parfaitement avec des plats italiens classiques tels que l’ossobuco ou les tagliolini al tartufo, qui mettent merveilleusement en valeur ses arômes complexes.

Le gouleyant

Lavaux AOC St-Saphorin La Donjannaz Les Terrasses de Lavaux, pour 14,95 francs

Pour représenter dignement la Suisse dans le domaine des vins blancs, rien de tel que notre excellent cépage national. Ce St-Saphorin , un chasselas typique, reflète parfaitement le terroir de Lavaux. Au nez, il dévoile des notes florales et des arômes frais d’agrumes, relevés de subtils accents de fruits à noyau et d’une minéralité perceptible. En bouche, il se montre léger avec une acidité discrète. Doté d’une légère effervescence en bouche et d’une salinité vivifiante, il se révèle être un compagnon polyvalent, idéal pour accompagner la raclette et la fondue, ou pour sublimer les spätzlis au fromage ou les macaronis des Alpes.

Lavaux AOC St-Saphorin La Donjannaz Les Terrasses de Lavaux, pour 14,95 francs

Pour représenter dignement la Suisse dans le domaine des vins blancs, rien de tel que notre excellent cépage national. Ce St-Saphorin , un chasselas typique, reflète parfaitement le terroir de Lavaux. Au nez, il dévoile des notes florales et des arômes frais d’agrumes, relevés de subtils accents de fruits à noyau et d’une minéralité perceptible. En bouche, il se montre léger avec une acidité discrète. Doté d’une légère effervescence en bouche et d’une salinité vivifiante, il se révèle être un compagnon polyvalent, idéal pour accompagner la raclette et la fondue, ou pour sublimer les spätzlis au fromage ou les macaronis des Alpes.

Le polyvalent

Ripasso della Valpolicella DOC Rocca Alata, pour 9,95 francs

Ce ripasso offre un bouquet intense dès le premier contact olfactif, avec un mélange floral et fruité où dominent les cerises noires, les pétales de rose et la compote de prunes. En bouche, il se révèle charnu, avec une acidité délicate et une structure tannique veloutée. Sa finale est longue et accompagnée d’arômes sucrés. Ce vin accompagne parfaitement les pâtes, la pizza ou un rôti braisé copieux.

Ripasso della Valpolicella DOC Rocca Alata, pour 9,95 francs

Ce ripasso offre un bouquet intense dès le premier contact olfactif, avec un mélange floral et fruité où dominent les cerises noires, les pétales de rose et la compote de prunes. En bouche, il se révèle charnu, avec une acidité délicate et une structure tannique veloutée. Sa finale est longue et accompagnée d’arômes sucrés. Ce vin accompagne parfaitement les pâtes, la pizza ou un rôti braisé copieux.

Cet article a été rédigé par Tobias Gysi, universitaire spécialisé dans le vin et sommelier suisse. Il est l'auteur de la rubrique «Château Gysi» pour Mondovino.

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Cet article a été réalisé par Ringier Brand Studio à la demande d'un client. Les contenus ont été préparés de manière journalistique et répondent aux exigences de qualité de Ringier.

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