Le vrai-faux poulet arrive
Les États-Unis autorisent la viande de synthèse

Après Singapour, les États-Unis sont le 2e pays à autoriser la mise sur le marché de la viande créée en laboratoire.
Publié: 22.06.2023 à 19:18 heures
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Dernière mise à jour: 23.06.2023 à 10:50 heures
Le vrai-faux poulet aura-t-il le goût de l'authentique?
Photo: keystone-sda.ch

Les Etats-Unis deviennent le deuxième pays, après Singapour, à ouvrir la voie à la viande artificielle dans les assiettes, en autorisant mercredi pour la première fois la vente de viande de poulet cultivée en laboratoire par deux entreprises.

Le ministère américain de l'Agriculture a inspecté et approuvé les systèmes de sécurité sanitaire des infrastructures d'Upside Foods et Good Meat, a indiqué à l'AFP un porte-parole.

Le service fédéral d'inspection sanitaire des aliments (FSIS) a ainsi «délivré trois avis de conformité à des établissements fabriquant (…) des produits dérivés de cellules animales», a-t-il précisé dans un communiqué, le troisième allant à Joinn Biologics, société qui travaille avec Good Meat.

Déjà commandés dans des restaurants

«Cette autorisation va fondamentalement changer la manière dont la viande atterrit sur nos tables», a affirmé Uma Valeti, PDG et fondateur d'Upside Foods, qui a aussi salué «un pas de géant vers un avenir plus durable» dans un communiqué.

Les produits des deux entreprises seront rapidement disponibles dans plusieurs restaurants, ont assuré les entreprises. La cheffe française étoilée Dominique Crenn a d'ailleurs passé commande à Upside Foods pour son restaurant à San Francisco, dans la foulée de l'annonce de l'autorisation. Le célèbre chef José Andrés devrait lui obtenir la première fournée américaine de l'entreprise Good Meat, qui sera servie dans l'un de ses restaurants de la capitale Washington.

Viande en culture

De nombreuses start-up ambitionnent de produire et commercialiser de la viande dite «de laboratoire» ou artificielle, pour permettre aux humains de consommer des protéines animales avec un impact moindre sur l'environnement que celui de l'élevage intensif, et sans souffrance animale.

Ces produits se distinguent des substituts d'origine végétale, comme les «steaks» à base de soja et d'autres ingrédients qui imitent la texture et la saveur de la viande sans contenir de protéines animales.

Pour produire du «vrai-faux poulet», les scientifiques mettent en culture des cellules extraites d'un animal ou d'œufs de poule avec des nutriments similaires à ceux ingurgités par les animaux réels: protéines, graisses, sucre, minéraux et vitamines.

Grâce à ces nutriments, les cellules se développent comme elles le feraient dans le corps de l'animal et deviennent tissu musculaire et graisses. Le produit obtenu est ensuite «récolté» des cuves et moulé dans certaines formes pré-définies, comme celle d'un filet de poulet.

Une start-up suisse est sur le créneau

Mais la viande de laboratoire reste pour le moment très compliquée et très coûteuse à produire. En Suisse, où la position est plutôt attentiste, l'entreprise Mirai Foods a mis au point un filet de bœuf à partir de cellules cultivées en laboratoire. Une prouesse technique, car un muscle entier est bien plus complexe à produire qu'un steak haché. D'autres entreprises se sont à l'inverse tournées vers le marché de la nourriture pour animaux de compagnie, a priori moins difficiles à satisfaire que leurs propriétaires.

Des interrogations persistent toutefois sur le réel impact environnemental de cette alternative, notamment sur sa consommation énergétique ou encore la sécurité sanitaire.

Une récente étude de l'Université de Californie à Davis, qui n'a pas encore été examinée par d'autres scientifiques, a ainsi montré que toutes les phases de production de la viande de laboratoire nécessitaient beaucoup d'énergie et émettaient une grande quantité de gaz à effet de serre.

(Fabien Goubet, avec AFP)

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