«En 2017, on en installait sur seulement 15 à 20% de nos projets. Depuis le début de l’année, ce chiffre est monté à 78%», indique René Silva, codirecteur romand d’Helion, dans «Le Matin Dimanche». Les relevés de l’Office fédéral de l’énergie confirment une courbe exponentielle. En effet, les quelque 28’300 kWh de capacité de stockage domestique lithium-ion vendus dans le pays en 2020 ont été quasi multipliés par dix pour atteindre 276’500 kWh en 2023.
Plusieurs raisons expliquent cet engouement. A commencer par la baisse du prix des batteries. «Encore hors de prix il y a cinq ou six ans, elles deviennent abordables», explique Samuel Duarte, CEO de la société Evosun Sàrl située à Massongex, dans le canton du Valais. «Les prix des gros fabricants viennent de passer sous le seuil des 100 dollars le kWh et tout va encore accélérer avec l'irruption des batteries automobiles d'occasion», précise de son côté Mario Paolone, le spécialiste du stockage de l'électricité à l'EPFL.
Objectif autonomie
Mais l'engouement pour ces batteries ne s'explique pas seulement par la chute des prix. «Il y a dix ou quinze ans, les fournisseurs d'électricité incitaient les propriétaires à mettre un maximum de panneaux afin d'en revendre le courant et de bénéficier de tarifs de reprises», rappelle Pascal Vinard, ancien consultant du secteur de l'énergie, notamment pour la société genevoise Ad Terra. «Ces tarifs approchaient les 20 centimes le kWh, en fonction des régions.» En clair, entre deux et trois fois ce qui est offert aujourd'hui. Certains ne se sont alors pas fait prier pour recouvrir leur toit.
«Mais avec la fin de ce système en 2021, la logique a changé et les propriétaires ont commencé à viser avant tout l'auto-consommation», explique Pascal Vinard au journal dominical. Un changement de cap qui coïncidait avec la venue des batteries résidentielles BYD, Volta et Tesla, sans compter l'explosion des factures d'électricité après le début de la guerre en Ukraine.
Ceux qui s'équipent de batteries espèrent donc maximiser leur autonomie, puisque réinjecter son courant «maison» ne rapporte désormais plus grand chose.