Dans le football, les femmes simulent aujourd’hui moins que les hommes. Mais cela sera-t-il toujours le cas à l’avenir? Dans sa lente commercialisation, le football féminin finira-t-il par s’aligner sur le football masculin? Ces questions sont au cœur de l’interview menée avec une entraîneuse et un entraîneur de l’AXA Women’s Super League. Éric Sévérac (Servette Chênois) et Imke Wübbenhorst (YB) ont tous deux déjà entraîné des équipes masculines et peuvent donc comparer joueurs et joueuses. En effet, tous deux s’accordent à dire que, si aujourd’hui une joueuse de football reste allongée sur le terrain, c’est qu’elle est blessée. Elle ne simule pas.
Éric Sévérac (51 ans) a entraîné plus d’hommes que de femmes au cours de sa carrière de coach. Il a été, entre autres, chef de formation de Meyrin et entraineur principal d’Étoile Carouge. Depuis 2017, il enregistre plusieurs succès avec l’équipe féminine de Servette Chênois et a mené l’équipe en Ligue des champions dans l’avant-saison. Son équipe a manqué de peu l’occasion de décrocher un titre dans l’Axa Women’s Super League lors d’une séance de tirs au but serrée contre le FC Zurich. «Je pense tout de même que les protestations et les simulations seront de plus en plus fréquentes» déclare-t-il.
«Le football féminin prend de plus en plus d’importance et les spectateurs et spectatrices sont de plus en plus nombreux.» La pression a augmenté et la tentation de recourir à des moyens moins fair-play grandit.
Imke Wübbenhorst (33 ans), entraîneuse de l’équipe féminine d’YB depuis cette saison, évoque aussi une pression. Elle a été notamment entraîneuse du BV Cloppenburg et du Sportfreunde Lotte dans les cinquième et quatrième divisions masculines d’Allemagne. En dehors d’elle, seule Inka Grings, actuellement au FCZ, a réussi à atteindre la quatrième division en tant qu’entraîneuse.
Simuler au lieu de se faire siffler
Imke Wübbenhorst voit toutefois à l’avenir la pression plutôt du côté du football masculin. «C’est la raison pour laquelle les footballeurs aiment parfois simuler.» Il se peut que l’on perde malencontreusement un duel. Au lieu de se faire siffler par des dizaines de milliers de spectateurs, on se jette au sol et on simule une faute.
Pour ce qui est d’une simulation croissante dans le football féminin, elle ne partage pas du tout l’avis de son collègue Éric Sévérac. «Pour tous ceux qui s’engagent aux côtés des femmes, il est clair que le fair-play est une de leurs principales qualités.» Cette attitude est donc plutôt encouragée. En d’autres termes, les femmes simuleront encore moins à l’avenir. On serait même tenté de dire que le fair-play des footballeuses est aussi un atout marketing qu’il convient de cultiver.
Par ailleurs, le fait que le football féminin soit plus fair-play que le football masculin ne semble pas être une simple rumeur (ou du simple marketing): l’Association Suisse de Football (ASF) dispose d’une base de données complète dans laquelle figure notamment le quotient de fair-play (nombre de points de pénalité par match) classé par ligue. Dans un match de l’Axa Women’s Super League, trois (ou plus exactement 2,75) points de pénalité sont habituellement donnés. Dans un match de Super League masculine, ce sont huit (ou 8,30) points de pénalité qui sont distribués. Ces points sont obtenus en premier lieu via les cartons jaunes et rouges, quoique le nombre de points attribué lors d’expulsions dépend du comportement antisportif: les menaces, les voies de fait ou les crachats à l’encontre d’un adversaire sont plus lourdement sanctionnés qu’un ultime recours tactique et sans danger.
Pourquoi existe-t-il d’ailleurs de telles différences de comportement entre les hommes et les femmes sur le terrain de football? Les deux entraîneurs l’observent déjà pendant les jours sans match.
Les femmes ont une motivation intrinsèque
«Déjà lors de l’entraînement, les femmes se plaignent beaucoup moins que les hommes» déclare Imke Wübbenhorst. Elle l’explique par le fait que les footballeuses ont une motivation plus intrinsèque que les hommes. Ce qu’elle veut dire par là: les femmes jouent au football à ce niveau pour des raisons différentes de celles des hommes. Elles savent qu’elles ont peu de chance de vivre exclusivement du sport. Elles jouent principalement par plaisir et pour donner le meilleur d’elles-mêmes à chaque instant. La motivation vient de l’intérieur. «Chez les hommes, il est plus rapidement question d’argent et de prestige» explique Imke.
Éric Sévérac se souvient de ses premiers entraînements avec l’équipe féminine de Genève il y a plus de cinq ans: «Cette passion était incroyable, je l’ai remarquée dès le début.» Mais pendant l’entraînement, il constate aussi: «Chez les femmes, je dois davantage expliquer. La raison principale: les femmes commencent à jouer au football plus tard que les hommes et ne bénéficient pas du même accompagnement chez les jeunes. Il y a donc des lacunes dans la formation tactique de base.» Parfois, il faut vraiment montrer aux joueuses sur le terrain quelle stratégie de défense elles doivent adopter. Pour les hommes, une courte remarque suffit. Éric a bon espoir que cela évolue avec le temps. Le football féminin finit par devenir de plus en plus populaire: cette année, pour la première fois, plus de dix pour cent des licenciés de l’Association Suisse de Football sont des femmes.
Imke Wübbenhorst doit elle aussi fournir davantage d’explications au sein de son club YB. Pour elle, une autre raison est: «les femmes veulent en savoir plus, elles demandent activement les analyses vidéo, par exemple.» Chez les hommes, un travail de persuasion est pour cela parfois nécessaire.
L’Axa Women’s Super League existe depuis août 2020. Axa a été le premier sponsor de la plus haute ligue du football féminin en Suisse. La promesse de la marque «Know You Can» s’applique également à cet engagement en faveur du sport – les joueuses de l’Axa Women’s Super League doivent être soutenues pour atteindre leurs objectifs et réaliser leurs rêves. Avec pour ambition que le football féminin obtienne la reconnaissance qu’il mérite.
L’Axa Women’s Super League existe depuis août 2020. Axa a été le premier sponsor de la plus haute ligue du football féminin en Suisse. La promesse de la marque «Know You Can» s’applique également à cet engagement en faveur du sport – les joueuses de l’Axa Women’s Super League doivent être soutenues pour atteindre leurs objectifs et réaliser leurs rêves. Avec pour ambition que le football féminin obtienne la reconnaissance qu’il mérite.
Les deux entraîneurs constatent une grande différence entre le football masculin et le football féminin en ce qui concerne le risque de blessures. De nombreuses études ont déjà montré que le risque de blessure grave au genou est plus grand chez les joueuses. Imke Wübbenhorst, elle-même ancienne joueuse dans la Bundesliga allemande: «Je connais beaucoup plus de femmes touchées par une ou plusieurs ruptures des ligaments croisés que d’hommes.»
Ayant une formation de professeur en biologie, la joueuse l’explique très bien. La position du bassin fait que les femmes ont plus tendance à avoir des jambes en X que les hommes. De plus, les ligaments de la femme sont affaiblis pendant certaines phases du cycle hormonal. Pour de nombreux profanes, ces faits sont peu connus, mais pas pour les joueuses: «Ce risque est connu des footballeuses et elles accordent plus d’importance aux exercices d’échauffement que les hommes.»
Éric Sévérac connaît également ce risque et déclare non sans fierté: «En tant qu’entraîneur d’équipe féminine, je n’ai connu qu’une seule blessure grave au genou au sein de mon équipe.» Et cela se produisit lors d’une collision violente et non pas en raison d’un étirement excessif lors d’un faux mouvement. Le staff et le personnel médical sont au fait et l’entraînement individuel se fait en connaissance de cause.
L’exemple des blessures aux genoux montre que le football féminin et le football masculin ne pourront jamais être tout à fait identiques. Le risque de blessure est différent. À terme, les hommes progresseront encore en matière de vitesse. Est-ce que dans quelques décennies, les femmes simuleront et réclameront aussi souvent que les hommes? Qui d’Éric Sévérac ou d’Imke Wübbenhorst aura raison? Aujourd’hui personne ne le sait.
Cet article a été rédigé pour le compte d’un client. Les contenus sont de style journalistique et répondent aux critères de qualité de Ringier.
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