Cela faisait 10 ans qu’une femme n’avait pas gagné Top Chef. Mais ce n’est pas que pour ça que la saison 13 du célèbre concours culinaire est spéciale. Elle a aussi donné naissance à l’idée d’un bistrot où les téléspectateurs pourraient - enfin - goûter aux savoureuses recettes qu’ils ont vues à la télévision.
Et ça y est. Le premier restaurant Top Chef, dont le projet est porté par le présentateur de l'émission Stéphane Rotenberg a ouvert le 8 juillet 2022 dans la banlieue parisienne. Il accueille fans de l’émission et fins gourmets dans un cadre qui leur est familier: celui du plateau du show culinaire. Les clients y dégustent les recettes que les anciens candidats ont choisi de présenter, le tout dans un menu à 39,90 euros. La carte affichera de nouveaux plats toutes les six semaines environ.
Un bon filon: 7000 personnes en deux jours se sont ruées sur le site de réservation en ligne The Fork pour tenter d’avoir une table. Résultat, le restaurant est plein tout le mois de juillet. Mais que restera-t-il de cet engouement dans quelques mois lorsque tous les fans de Top Chef l’auront essayé?
Les mêmes plats qu'à la télé
Installé à Suresnes (département des Hauts-de-Seine) au bord de la Seine, le Bistrot Top Chef veut offrir la possibilité aux clients de «goûter à des univers culinaires différents dans un même endroit pour un prix accessible», assure Stéphane Rotenberg. Pour cela, il a demandé «dans un premier temps» aux finalistes et aux gagnants de toutes les saisons de l’émission de choisir trois ou quatre recettes chacun. Pour garantir le succès du bistrot, les équipes ont tout fait pour ouvrir quelques mois après la fin de la saison 13 de l’émission quand elle était «encore dans la tête des gens», selon l'animateur. Ils n’ont donc eu que dix jours pour faire les travaux: «une “guerre des restos” grandeur nature!», s’amuse-t-il.
Arnaud Delvenne, finaliste de la saison 13, a proposé «des coups de cœur et des moments charnières». Il affiche donc sa tomate (issue de l’épreuve de Massimo Bottura) en entrée, sa courgette farcie (épreuve de Mauro Colagreco) et son bœuf (épreuve de la dernière chance) en plat et son dessert aux agrumes (épreuve de Gilles Goujon) à la carte du bistrot. Les recettes, très proches de celles de la télévision, ont été légèrement modifiées pour des raisons pratiques. L’enseigne compte accueillir jusqu’à 200 couverts par service d’ici à la fin de l’été. «Nous avons simplifié la présentation des préparations et ajusté leurs quantités car à Top Chef, elles sont faites pour être servies en entrée.»
Manger dans la boîte noire
Tout est fait pour que les clients aient l’impression de faire partie de l’émission, sans que les prix crèvent le plafond. C’est donc pour favoriser des ingrédients de qualité que la brasserie a été implantée en banlieue parisienne où «le loyer est moins cher», justifie Stéphane Rotenberg.
Du côté de la déco aussi le jeu a été joué jusqu’au bout. L’orange et le noir, couleurs emblématiques, y sont omniprésents, tout comme le frigo SMEG et les couteaux de la finale. Rien ne manque à l’appel. «Certains éléments du décor proviennent même du plateau», précise l’animateur. Pour ceux qui ne suivent pas l’émission, dans le dernier épisode, les deux finalistes doivent tirer un couteau planté dans un socle en bois pour savoir s’ils ont gagné le concours ou non. Le participant qui tire le couteau à la lame d'acier remporte la compétition.
Côté concept, tout y est aussi: les clients du Bistrot Top Chef peuvent choisir de manger à la Table des chefs, dans le garde-manger et même dans la Boîte noire où ils dégustent les plats à l’aveugle, comme dans l’émission. Le concept est déclinable et des ouvertures dans d’autres régions françaises semblent être dans les tuyaux.
Des professionnels aguerris
L’idée d’un tel restaurant a germé dans de la tête du présentateur de Top Chef, mais elle aurait été impossible à mettre en place sans les équipes qui l’entourent. L'investissement a été complété par le groupe Les Bistrots Pas Parisiens - compagnie de Norbert Tarayre, trublion de la saison 3 et d’Hakim Gaouaoui, entrepreneur de l'année 2019 Gault & Millau - ainsi que la société de production de l’émission, Studio 89.
Pour assurer en cuisine, le Bistrot Top Chef s’est tourné vers Yohan Flament, un ancien du Plaza Athénée. Bref, ouvrir un tel restaurant avec les candidats des différentes saisons de Top Chef, l’animateur français le sait, «c’est ça qui fait venir les clients». Tout est réuni pour que cette aventure soit un succès.
Interrogé pour son expertise, Sasha Abergel le fondateur du cabinet de conseil en restauration Fooding Consulting nous a confié que le Bistrot Top Chef est «un coup de génie marketing qui aura sa place sur le marché tant qu’il y aura des saisons et de l’engouement mais à condition que la qualité soit au rendez-vous».
Jusqu'ici, les commentaires des clients sur The Fork, sont dityhrambiques: «Plats très raffinés, on a beaucoup aimé», «Superbe expérience. Cuisine au top.». «Certains en étaient à peine au café qu’ils réservaient déjà pour revenir dans quelques mois!», se rappelle le journaliste présent au restaurant jusqu’à son prochain tournage pour Pékin Express, en août.
Après avoir testé l'adresse, notre avis sur la question est un peu plus mitigé. C’est peut-être parce que nous ne regardons pas l’émission avec autant de rigueur que la plupart des amateurs qui sont venus essayer le resto… Rien à dire sur l’entrée (la tomate d’Arnaud Delvenne et le merlu de Coline Faulquier) et le dessert (la pavlova de Camille Delcroix et l’île flottante Victor Mercier): on s’est régalé - autant des yeux qu’en bouche - et s’il y en avait eu plus on en aurait repris. Mais la quantité de certains condiments et assaisonnements n'était pas complètement maîtrisée: un peu trop de gingembre ou de safran dans les sauces par exemple. À réessayer dans quelques mois pour voir les progrès.