Un horizon économique incertain
La BCE abaisse son taux directeur d'un quart de point, à 2,50%

La BCE réduit son taux directeur à 2,50%, dans un contexte économique complexe. Cette décision, la cinquième baisse consécutive, intervient alors que l'Allemagne annonce des investissements massifs et que les tensions commerciales avec les Etats-Unis s'intensifient.
Publié: 06.03.2025 à 16:07 heures
La BCE a abaissé son taux directeur d'un quart de point, à 2,50%. Ici, la présidente Christine Lagarde. (Archive)
Photo: Ronald Wittek
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ATS Agence télégraphique suisse

La Banque centrale européenne a abaissé jeudi son principal taux d'intérêt directeur de 0,25 point de pourcentage, au moment où les plans d'investissement géants annoncés par l'Allemagne rebattent les cartes pour l'économie européenne. En abaissant, comme attendu, son principal taux d'intérêt directeur de 0,25 point de pourcentage, l'institution de Francfort marque sa confiance dans le retour progressif de l'inflation à l'objectif de 2%. Le taux de dépôt, qui fait référence, est ainsi ramené de 2,75% à 2,50%.

C'est le cinquième assouplissement monétaire d'affilée – le sixième depuis juin dernier après le pic atteint par les taux d'intérêt en septembre 2023, dans un contexte à l'époque de forte inflation.

Une pause à venir

La fin de ce cycle est-il en vue? Les gardiens de l'euro ont souligné jeudi dans leur communiqué que les taux sont désormais à un niveau auquel la politique monétaire «devient sensiblement moins restrictive», renforçant les attentes d'une pause à venir dans les baisses.

Mais l'horizon économique est plus incertain que jamais et l'équation s'est sensiblement compliquée ces dernières semaines pour la BCE. La décision radicale du futur gouvernement allemand d'augmenter la dette publique pour les dépenses d'armement a déjà causé une poussée de fièvre des taux d'emprunt de l'Allemagne, inédite depuis la Réunification.

Ce resserrement des conditions financières intervient alors que l'activité de la zone euro reste faible et que s'ajoute l'imposition imminente de droits de douane réciproques par les États-Unis qui menace d'amener de la récession en Europe.

Risques

Le contexte oblige la BCE à jongler entre des objectifs parfois difficiles à concilier: maîtriser l'inflation tout en soutenant la croissance dans une zone euro fragilisée par des crises successives.

Le soudain resserrement des taux d'emprunt allemands devrait inciter la présidente de la BCE, qui s'exprime jeudi après-midi, «à laisser entendre que des baisses ultérieures (de taux) pourraient encore suivre», estime Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.

Les membres de la BCE étaient apparus divisés ces dernières semaines sur la suite du cycle monétaire. Isabel Schnabel, membre du directoire, a suggéré qu'il était peut-être temps de discuter d'une pause dès mars, car les taux se rapprochent déjà d'un niveau qui ne pénalise ni ne favorise l'économie, ne laissant guère de marge pour les assouplir encore. D'autres membres du conseil des gouverneurs de la BCE estiment qu'il est trop tôt pour ouvrir ce débat, vue la récente quasi-stagnation du PIB de la zone euro au dernier trimestre de 2024, notamment du fait d'un coût élevé de l'emprunt.

D'un autre côté, les dépenses colossales prévues par l'Allemagne, en s'affranchissant du dogme de la rigueur, pourraient doper la croissance européenne et l'inflation. Dans ce contexte, «les attentes de baisse des taux de la BCE (pourraient) être reconsidérées», souligne Kathleen Brooks, directrice de recherche de la plateforme de trading XTB.

Des facteurs externes pourraient avoir un impact

L'évolution du conflit en Ukraine, pays qui ne peut plus compter en grande partie sur l'aide américaine face à l'agresseur russe, pourrait également influencer la trajectoire économique et donc les décisions de la BCE. Ces risques ne sont pas encore pleinement intégrés dans les dernières projections économiques publiées jeudi par l'institution.

La BCE a rehaussé ses prévisions d'inflation pour 2025 à cause de la hausse des prix de l'énergie, et abaissé ses prévisions de croissance pour 2025 et 2026 face à «la baisse des exportations et la faiblesse persistante des investissements».

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