Tesla ne serait que la pointe de l'iceberg
Le secteur des voitures électriques à l'aube d'une grande vague de faillites?

Dans le monde entier, les ventes de nouvelles voitures électriques stagnent, voire diminuent. Les experts préviennent désormais que cela pourrait bientôt entraîner une vague de faillites parmi les nombreux constructeurs et fournisseurs.
Publié: 22.04.2024 à 06:08 heures
|
Dernière mise à jour: 22.04.2024 à 06:56 heures
1/4
Le patron de Tesla, Elon Musk, doit annoncer des chiffres trimestriels en baisse pour la première fois depuis quatre ans.
Photo: zVg
RMS_Portrait_948.JPG
Raoul Schwinnen

L'enthousiasme pour les voitures électriques semble s'essouffler chez les fabricants et fournisseurs, confrontés à une baisse surprenante des ventes. Signe des temps, même le leader de la catégorie, Tesla, jusqu'ici encensé, a du mal à s'en sortir et doit annoncer pour la première fois depuis quatre ans des chiffres de vente trimestriels en baisse.

La baisse des ventes de 8,5% au cours des trois premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2023 est d'autant plus inquiétante pour Tesla que l'entreprise avait déjà tenté de réagir au ralentissement sur différents marchés en baissant régulièrement ses prix. Le patron de Tesla, Elon Musk, ne croit toujours pas aux campagnes marketing et préfère continuer d'agir sur les prix de ses modèles. Il ne parle d'ailleurs pas de guerre des prix, mais uniquement d'adaptation des prix.

Diverses entreprises menacées

Mais les faits sont là: le marché de la voiture électrique, qui a du mal à décoller, met de nombreuses entreprises en difficulté. Le fabricant étasunien Fisker, par exemple, est dans une situation critique. Dirigée par l'ex-designer danois de BMW Henrik Fisker, l'entreprise manque désormais de liquidités et risque de disparaître.

D'autres jeunes constructeurs comme le chinois Nio ou l'américain Lucid n'ont assuré leur pérennité qu'avec l'argent d'investisseurs externes d'Abu Dhabi ou d'Arabie Saoudite. Polestar, la filiale électrique de Volvo, a récemment reçu 950 millions de dollars supplémentaires de la part d'investisseurs externes afin de ne pas se retrouver dans une situation financière difficile.

Confiance en berne

L'incertitude semble dominer l'ensemble du secteur. Un sondage récent réalisé pour le magazine spécialisé allemand «Automobilwoche» montre que près de 80% des plus de 2500 personnes interrogées dans l'industrie automobile pensent que les faillites vont se multiplier en raison de la faible demande et de la concurrence toujours plus forte des voitures électriques.

En revanche, seuls 6% de toutes les personnes interrogées ne s'attendent pas à une vague de faillites. «La plupart des gens ont tendance à n'agir que lorsqu'une tendance claire se dessine. Les gros titres négatifs ne contribuent certainement pas à instaurer la confiance. Tesla est jusqu'à présent la seule entreprise à avoir réussi à briser ce schéma», concluent les auteurs du sondage.

De gros problèmes chez les fournisseurs

Les pronostics ne sont pas seulement moroses pour les constructeurs de voitures électriques, mais aussi pour de nombreux fournisseurs bien établis comme Bosch, Continental ou ZF. Ils réagissent au durcissement de la concurrence par des fermetures et des licenciements massifs. Rien d'étonnant à ce que l'écart entre les constructeurs automobiles et les sous-traitants ne cesse de se creuser. Depuis 2014, le chiffre d'affaires des sous-traitants en Allemagne a augmenté de 25%, alors que les constructeurs ont progressé plus de deux fois plus, soit de 59%, conclut une analyse du cabinet de conseil et d'audit EY.

Constantin Gall, expert du marché chez EY, dresse un tableau sombre de la situation: «De nombreux sous-traitants sont dos au mur. Si un sous-traitant veut être prêt pour l'avenir, il doit investir massivement dans les nouvelles technologies.» Mais comme la mobilité électrique ne décolle pas comme on le souhaiterait et que le nombre de pièces attendues et nécessaires est loin d'être atteint, cela coûte actuellement beaucoup d'argent au secteur. C'est pourquoi les experts comme Constantin Gall prévoient une consolidation continue de l'industrie, synonyme de programmes d'économie, de licenciements et de fermetures.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la