La banque centrale américaine (Fed) a abaissé ses taux pour la première fois depuis 2020, frappant fort avec une coupe d'un demi-point, et envisageant un demi-point supplémentaire d'ici fin-2024, au cours de la dernière réunion avant l'élection américaine du 5 novembre. Cette décision importante de la Fed intervient en effet à moins de deux mois de l'élection américaine, qui verra s'opposer la démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump.
Les taux de la Fed se situent désormais dans une fourchette de 4,75 à 5,00%, après avoir passé plus d'un an à leur plus haut niveau depuis le début du siècle, à 5,25-5,50%. La décision n'a pas été prise à l'unanimité du comité de politique monétaire (FOMC), une gouverneure, Michelle Bowman, ayant voté pour une baisse d'un quart de point seulement.
«Le Comité a acquis une plus grande confiance dans la baisse durable de l'inflation vers 2%», niveau cible considéré comme sain pour l'économie, a précisé le FOMC dans son communiqué. Et de nouvelles coupes sont à prévoir, puisque les responsables de la Fed ont signalé qu'ils envisagent d'abaisser encore leurs taux d'ici fin-2024, d'un demi-point supplémentaire au total.
Meilleur pouvoir d'achat
En juin, la Fed pensait abaisser les taux une fois seulement en 2024, d'un quart de point. Mais depuis, le marché de l'emploi notamment a ralenti plus qu'attendu, et la crainte de la récession a ressurgi. Cette baisse des taux, annoncé au cours de la dernière réunion de la Fed avant l'élection du 5 novembre, redonnera du pouvoir d'achat aux ménages américains, coincés depuis plusieurs années entre forte inflation et coût élevé du crédit. La Réserve fédérale est indépendante du pouvoir politique mais sa décision pourrait donner un coup de pouce à Kamala Harris.
Le candidat républicain Donald Trump avait de son côté jugé mardi lors d'un meeting à Flint (Michigan) que la Fed pouvait assouplir sa politique monétaire uniquement car «l'économie n'est pas bonne, sinon ils ne seraient pas en mesure de le faire». L'ancien président avait promis d'encore «faire baisser les taux» s'il était élu.
Chômage révisé à la hausse
La Fed a par ailleurs révisé à la baisse sa prévision d'inflation, à 2,1% en 2025, contre 2,3% attendu lors des précédentes prévisions, en juin. Le chômage a lui été révisé à la hausse, à 4,4% cette année et la suivante, contre 4,0 et 4,2% auparavant. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour 2024 est attendu à 2,0% contre 2,1% auparavant.
Maintenant que l'inflation rentre progressivement dans le rang, la Fed veut, en abaissant les taux, empêcher le chômage de grimper à son tour. La mission de la puissante Réserve fédérale américaine est double: assurer stabilité des prix et plein emploi. "Les risques" liés à ces deux missions, désormais, «sont à peu près équilibrés», a souligné le FOMC.
Jerome Powell avait prévenu, fin août: «le temps est venu» d'assouplir la politique monétaire. La situation de l'emploi avait en effet été mise de côté ces dernières années par les responsables de la Fed tant le marché du travail se portait bien.
L'inflation ralentit
L'inflation maintient son ralentissement: l'indice PCE, que la Fed veut ramener à 2%, était resté stable en juillet, à 2,5% sur un an. Les données d'août seront publiées le 27 septembre. L'indice CPI est lui tombé en août à son plus bas niveau depuis février 2021, 2,5% sur un an. Quant au taux de chômage, il a reculé en août, à 4,2%, mais les créations d'emplois ralentissent.
De l'autre côté de l'Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé ses taux pour la deuxième fois en trois mois jeudi.