Changer de domicile fiscal peut faire une grande différence au niveau de la facture annuelle de vos impôts cantonaux, communaux et fédéraux. En effet, «la Suisse offre cet avantage rare d’avoir une libre concurrence entre les cantons en matière fiscale, mais aussi une concurrence entre les communes, à l’intérieur des cantons», rappelle Albert Gallegos, directeur Wealth Solutions à la Banque cantonale de Genève (BCGE).
Dès lors, suivant où vous résidez, votre charge fiscale peut varier de plusieurs milliers de francs par année. La différence de charge fiscale entre les cantons de Neuchâtel et du Valais, par exemple, se chiffre à CHF 5’454 par an pour un couple marié, avec deux enfants et un revenu imposable de CHF 120'000. C’est ce qu’indique Albert Gallegos dans le récent ouvrage qu’il a co-écrit avec Fabien Fontecave, le «Guide de vos finances personnelles»:
Au niveau des communes également, les différences sont de taille. Utilisant le logiciel Taxware, qui calcule instantanément la charge fiscale par lieu, Albert Gallegos procède d’abord à un classement par principaux chefs-lieux de Suisse romande. D’après le résultat, Lausanne et Neuchâtel sont nettement plus chers que Delémont, Fribourg, et surtout Sion, si l’on prend le cas d’une personne mariée sans enfants, avec CHF 120'000 de revenu imposable fédéral, CHF 130'000 au niveau cantonal, et CHF 500'000 de fortune imposable. Basée à Sion, cette personne paiera CHF 3’407 de moins qu’à Genève, et CHF 5’656 de moins qu’à Lausanne:
Des communes qui sortent du lot
Les choses deviennent encore plus intéressantes si l’on ne se contente pas d’examiner les chefs-lieux, mais aussi les principales communes. On constate alors que, même au sein d’un canton «peu avantageux», des communes peuvent s’avérer très attrayantes. Ainsi, dans le canton de Fribourg, on trouve la commune la plus avantageuse de Suisse romande, Greng, limitrophe du lac de Morat, officiellement francophone mais où l’usage de l’allemand prédomine.
Toujours pour le même contribuable, le logiciel utilisé par Albert Gallegos indique que s’il réside à Greng, il paiera CHF 7’415 d’impôts de moins, chaque année, qu’en Ville de Genève, presque CHF 10'000 de moins qu’à Lausanne, et même CHF 11'519 de moins qu’à Enges, village agricole et résidentiel neuchâtelois, qui compte moins de 300 habitants (ceci expliquant peut-être cela):
Les impôts, mais pas que
Ceci étant dit, il n’y a pas que les impôts à prendre en compte lorsqu’on calcule ses dépenses. «Un canton où la fiscalité est faible aura souvent des prix immobiliers élevés», souligne Albert Gallegos. Il cite l’exemple de la commune de Vandoeuvres à Genève, qui affiche un faible taux d’imposition, mais des loyers nettement plus chers que la moyenne genevoise. La situation est similaire en Suisse allemande: travailler à Zurich et se domicilier à Schwytz, un grand classique, n’est pas si avantageux si l’on tient compte des prix de l’immobilier, très chers dans ce canton connu pour sa fiscalité paradisiaque.
Avant de déménager, il s’agit donc de bien calculer son coup… et ses coûts. Changer de canton ou de commune, c’est voir les conditions des déductions fiscales changer: à Genève, les déductions de frais de transport sont plafonnées à CHF 500, alors qu’elles peuvent être illimitées sur Vaud. Suivant le canton et la distance entre le domicile et le lieu de travail, on va aussi payer d’autres prix en matière de transports. Un Genevois qui se domicilie à Nyon paiera moins d’impôts sur le revenu, et des primes maladie moins chères, mais sa facture de transports va rapidement prendre l’ascenseur.
Par ailleurs, les avantages varient en fonction des situations personnelles. Si l’on dispose d’une fortune de plus de CHF 7 millions, on est imposé à 1% à Genève, canton le plus cher en matière d’impôt sur la fortune.