Comme l'économie suisse a besoin de main-d'œuvre, l'idée de maintenir les gens plus longtemps sur le marché du travail fait son chemin. Au moins jusqu'à la retraite, si possible même au-delà. Mais une nouvelle enquête sur l'économie suisse montre que cela est loin d'être une réalité. Bien au contraire!
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66% des employeurs suisses ne se penchent pas concrètement sur les besoins des plus de 50 ans au sein de leur personnel. C'est la conclusion d'une enquête menée auprès de plusieurs centaines d'entreprises par Talent Solutions Right Management, une filiale du prestataire de services en ressources humaines Manpower Group.
Réduire au lieu de développer
Interrogés sur les prestations proposées aux plus de 50 ans, les employeurs mentionnent entre autres les offres de retraite anticipée et le soutien en cas de licenciement. «Les entreprises s'occupent de réduire la force de travail de leurs employés de plus de 50 ans au lieu de la développer!», déclare Nina Rüschen, coresponsable de l'étude.
Pourtant, l'économie suisse aurait tout intérêt à s'adapter le plus tôt possible aux besoins des travailleurs âgés. Un tiers des personnes en âge de travailler ont déjà plus de 50 ans et l'âge moyen de la population active va continuer à augmenter en raison de l'évolution démographique.
«Les entreprises ne peuvent pas simplement ignorer un tiers de leurs effectifs», estime Nina Rüschen. Investir dans les plus de 50 ans ne relève pas de la bien-pensance, mais apporte plutôt une plus-value très concrète aux entreprises. «Ces personnes ont un grand savoir. Grâce à leur expérience, elles possèdent de nombreuses compétences sociales et sont extrêmement résistantes au stress.»
Responsabilité personnelle des plus de 50 ans pour leur carrière
L'étude recommande entre autres aux entreprises d'investir dans l'employabilité des plus de 50 ans. Autrement dit, des formations continues. Mais «cela ne relève pas uniquement de la responsabilité des employeurs», nuance Nina Rüschen. «De nombreux salariés de plus de 50 ans se demandent: pourquoi devrais-je encore investir dans une formation continue? Il faut une plus grande prise de conscience.»
Les employeurs doivent également être plus ouverts en matière de recrutement. «Dans d'autres pays, il est déjà courant d'envoyer des CV sans photo ni date de naissance», explique Nina Rüschen. Mais même si les employeurs suisses s'améliorent dans la gestion de leurs collaborateurs «argentés», ils ne seront pas en mesure de combler complètement le manque de personnel qualifié. Mais ils peuvent au moins contribuer à garantir que cet écart ne se creuse pas davantage.