Le gestionnaire de fortune Julius Bär a repris du poil de la bête l'année dernière, après avoir été pénalisé par l'affaire Signa en 2023. Mais face à des coûts en hausse, le nouveau patron veut serrer encore davantage la ceinture. Voulant donner l'exemple, Stefan Bollinger, qui dirige l'établissement depuis le 9 janvier, a affiné la direction de l'entreprise. Cette dernière passe de 15 à 5 membres.
«Une nouvelle structure organisationnelle et une direction amincie vont renforcer la responsabilité», a-t-il expliqué lundi dans un communiqué. «Il s'agit de la première étape pour créer une direction plus svelte et simple. Nous allons appliquer ces mêmes principes à l'ensemble» de la banque, a souligné l'ex-associé de la banque américaine Goldman Sachs. Malgré de solides résultats en 2024, les dépenses de la banque ont continué d'enfler. Les charges d'exploitation ont ainsi progressé de 3% à 2,81 milliards de francs, portées par une hausse de 5% des dépenses en personnel.
Le rapport ajusté entre les coûts et les recettes, chiffre clé dans le secteur pour mesurer la rentabilité, s'est néanmoins nettement amélioré à 70,9% en 2024, après 81,6% l'année précédente. Mais il est encore bien éloigné des 65% visés d'ici la fin de l'exercice en cours. Pour atteindre cet objectif, la nouvelle direction a étendu son programme d'économies à 250 millions de francs. Après avoir réduit ses coûts de 140 millions en 2024, elle va ajouter 110 millions à atteindre d'ici la fin de l'exercice en cours.
Pour y parvenir, la banque veut simplifier sa direction, ainsi que les fonctions administratives et de support. Le nombre d'employés externes doit notamment être réduit. Selon le directeur opérationnel Nic Dreckmann, ces mesures vont concerner environ 400 postes. Le coût de ce programme est quant à lui devisé à 55 millions.
Dividende stable
En matière de résultats, Julius Bär a réalisé un solide exercice 2024. Le produit d'exploitation a bondi de 19,2% à 3,86 milliards de francs et le résultat avant impôts a été multiplié par deux à 1,05 milliard. Grâce à une forte baisse de la charge fiscale, le bénéfice net (selon la norme comptable IFRS) a plus que doublé à 1,02 milliard, après avoir vu sa performance 2023 alourdie par une perte sur crédits de 606 millions de francs liée à l'affaire Signa.
L'établissement a enregistré des afflux d'argent nouveau de 14,2 milliards de francs sur l'année écoulée, après 12,5 milliards en 2023, grâce à des entrées de fonds en Asie, mais aussi en Europe et aux Emirats arabes unis. Les avoirs sous gestion ont pour leur part crû de 16% à 497 milliards, portés par l'évolution positive des marchés, les afflux de liquidités et un franc plus faible. Les actionnaires recevront un dividende stable à 2,60 francs par action.
Alors que le bénéfice net, les avoirs sous gestion et les afflux d'argent nouveau dépassent les attentes des analystes interrogés par l'agence AWP, le dividende est légèrement inférieur aux 2,64 francs anticipés par le marché. La direction avait précédemment indiqué prévoir à moyen terme - pour la période 2023-2025 - une marge avant impôt ajustée entre 28 et 31 points de base et un ratio coûts-revenus ajusté inférieur à 64%. Pour le bénéfice avant impôts ajusté, la banque vise une croissance annuelle de 10%. Le rendement ajusté des fonds propres durs (CET1) devrait être supérieur à 30% pour la période. La banque dévoilera l'été prochain de plus amples détails sur sa stratégie.