La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait prochainement abaisser ses taux. Mais aucune certitude quant à la hauteur de cette baisse. Cette réunion de la banque centrale qui a lieu ce mercredi est la dernière avant l'élection américaine du 5 novembre, qui opposera l'ancien président républicain Donald Trump, à la vice-présidente démocrate Kamala Harris.
La Fed est indépendante du pouvoir politique, mais une baisse des taux aura de réelles conséquences sur le pouvoir d'achat des Américains, notamment en leur facilitant l'accès au crédit. Et cela pourrait donner un coup de pouce à Kamala Harris. Pour Donald Trump, la Fed peut assouplir sa politique monétaire uniquement car «l'économie n'est pas bonne, sinon ils ne seraient pas en mesure de le faire», a-t-il dit mardi lors d'un meeting à Flint (Michigan), promettant d'encore «faire baisser les taux» s'il est élu.
Dans l'expectative avant cette décision, la Bourse de New York a ouvert en ordre dispersé mercredi mais proche de l'équilibre. En abaissant les taux, la Fed veut maintenant que l'inflation rentre progressivement dans le rang, empêcher le chômage de grimper à son tour. Les taux avaient été relevés pour freiner la flambée des prix, et se trouvent depuis juillet 2023 dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, leur plus haut niveau en plus de 20 ans.
Une baisse progressive?
Le début d'assouplissement «a été clairement signalé», notamment par Jerome Powell, a commenté Lauren Saidel-Baker, économiste pour le cabinet de conseil ITR Economics, dans une note: «la seule question désormais est l'ampleur» de la baisse. Les responsables de la Fed pourraient jouer la prudence afin d'éviter de faire repartir l'inflation, avec une modeste baisse d'un quart de point (25 points de base). Ou, inquiets à l'idée d'une dégradation rapide du marché de l'emploi et de la perspective d'une récession, ils pourraient frapper plus fort, d'un demi-point (50 points de base) directement.
Cette dernière option est désormais privilégiée par près des deux tiers des acteurs du marché, selon l'évaluation de CME Group. Krishna Guha, économiste pour la société d'investissement Evercore, table ainsi sur une baisse d'un demi-point, qui serait présentée par la Fed comme «un "50 de départ"(...), et non comme le premier d'une série» de baisses de même ampleur. Greg Daco, chef économiste pour EY, pense en revanche que le «caractère progressif prévaudra» parmi les membres du FOMC, et s'attend donc à un quart de point seulement.
Le marché du travail est-il en forme?
Quelle que soit la décision, ce mouvement signifie que la situation de l'emploi, mise de côté ces dernières années par les responsables de la Fed tant le marché du travail se portait bien, revient au cœur de leurs préoccupations. La mission de la puissante Réserve fédérale américaine est en effet double: assurer stabilité des prix et plein emploi. «J'ai rééquilibré mon attention sur les deux côtés du double mandat pour la première fois depuis début 2021», avait ainsi déclaré, début septembre, le président de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic.
L'inflation retourne progressivement dans les clous: l'indice PCE, que la Fed veut ramener à 2%, était resté stable en juillet, à 2,5% sur un an. Les données d'août seront publiées le 27 septembre. L'indice CPI est lui tombé en août à son plus bas niveau depuis février 2021, 2,5% sur un an. Quant au taux de chômage, il a reculé en août, à 4,2%, mais les créations d'emplois ralentissent.
Les responsables de la Fed actualiseront également mercredi leurs prévisions pour l'économie américaine, en matière d'inflation, de PIB et de chômage. Ils diront aussi jusqu'où ils pensent abaisser les taux.